Beaucoup d'écrits de l'A., mort en 1245, ont été repris dans la
célèbre Summa fratris Alexandri, bien qu'ils soient plus
psychologiques et moralistes que spéculatifs, contrairement à la
mentalité d'Alexandre de Halès. C'était l'époque de la découverte
du De anima d'Aristote, dont l'autorité est cependant moindre chez
Jean que celle d'Augustin (ou plus exactement, dans ce traité, du
De spiritu et anima d'un pseudo-Augustin), de Jean Damascène (De
fide orthodoxa), ou même d'Avicenne. Jean influença par après
Vincent de Beauvais, le dominicain qui était familier du roi saint
Louis (l'introduction de J.-M. Vernier analyse assez longuement
cette postérité). Le De anima de Thomas d'Aquin suit aussi la
structure de l'exposé de Jean de la Rochelle. L'ouvrage est
évidemment très scolastique, subtil dans l'art de diviser les
concepts, sans que la raison de ces divisions soit évidente, ou
explicitée de manière qui puisse aujourd'hui convaincre ou
satisfaire. Le texte est cependant très utile pour suivre
l'évolution de la psychologie naissante au long au 13e siècle. La
traduction suit l'édition critique du texte publié en 1995 par le
P. Bougerol; les notes renvoient aussi bien aux sources de Jean
(Platon, Aristote, le Pseudo-Denys, le Liber de causis, Augustin,
Avicenne) qu'à son héritage chez Albert le Grand ou Thomas d'Aquin.
- P. Gilbert, S.J.