Somme théologique. Les sacrements. 3a, questions 60-65, éd. A.-M. Roguet, O.P.
Thomas d'AquinHistoire de la pensée - Recenseur : Albert Chapelle s.j.
L'intérêt de cette étude est triple. L'étude historique de la notion de signe chez S. Augustin (p. 269, cf. De doctrina christiana) et chez S. Thomas (p. 278) se prolonge dans un rappel succinct et précis des controverses au sein de l'École, et ce jusqu'à Billot.
La doctrine du signe sacramentel échappe à tout chosisme ou magie quand elle se trouve inscrite grâce à l'acte médiateur du Christ dans la relation d'alliance et de religion de Dieu et de l'homme. Grâce à - et malgré - sa technicité, cette contribution de Thomas d'Aquin à la théologie sacramentaire demeure ineffacée. Le développement doctrinal du XXe siècle, cristallisé dans la Constitution Sacrosanctum Concilium et dans la deuxième partie du Catéchisme de l'Église Catholique, présuppose cette polysémie efficace du signe. Elle ne se trouve qu'en filigrane dans ce texte, malgré les références accordées à Casel, Söhngen, Congar et de Lubac. Si l'inscription des sacrements dans les mystères du Christ répond littéralement au propos de la Somme Théologique, leur déploiement dans l'intimité de la Sainte Trinité reste plus immédiatement inspiré par les traditions liturgiques.
Enfin, les développements du P. Roguet sur le signe et le symbole ne manquent pas de portée anthropologique. Ils peuvent notamment éclairer une philosophie du langage soucieuse de se distancier du primat nominaliste de la différence signifiant/signifié au bénéfice de la reconnaissance du verbe en son acte et en sa vérité. - A. Chapelle, S.J.