L'A., dominicain nigérian et véritable homme-orchestre (agronome,
économiste, informaticien), raconte l'évolution d'un projet
(baptisé Songhaï, du nom d'un puissant royaume, au XVe siècle, sur
la bouche du Niger) qui était, au départ, en 1985, un centre de
formation pour jeunes déscolarisés béninois, éleveurs de cailles et
de tilapias sur une parcelle en friche. Sa devise Engagement pour
le meilleur parie sur l'initiative privée, qui met les savoirs, le
savoir-faire et le savoir-être au service du bien commun… et rend
les Africain(e)s conscients de ce que leur avenir est entre leurs
mains. Le sous-développement n'est pas fatal: le changement est
possible, s'il mobilise tous les capitaux (environnemental,
culturel, social, technologique, financier) en une approche
holistique, socio-économico-spirituelle, «utopique», qui s'inspire
d'Économie et Humanisme du Père Lebret. À partir de
micro-réalisations se multiplient les centres de formation pour
entrepreneurs en développement, les fermes-pilotes (qui s'étendent
au-delà du Bénin: Côte d'Ivoire, Togo, Nigeria, Burkina Faso,
Gabon), les caisses de crédit, les coopératives, les chaînes de
montage et de restauration, les ateliers de recyclage… Le mot-clé
est synergie: synergie Nord-Sud (avec diversification des
partenaires internationaux, et adaptation au contexte local des
experts et coopérants), synergie
production-transformation-commercialisation, synergie
élevage-pisciculture-agriculture. L'ouvrage se termine sur une
réactualisation éloquente de la multiplication des pains. - Qu'ils
aillent se débrouiller en ville… ou qu'ils émigrent en Europe! -
Quelles sont vos ressources? - Des jeunes qui savent un peu pêcher,
des femmes qui savent faire du pain… Le Maître invite alors les
pauvres à se rendre eux-mêmes producteurs et à ramasser les restes
pour les recycler et les réinvestir. - P. Detienne, S.J.