Storia della direzione spirituale. I. L'età antica
(éd.) Giovanni FiloramoSpiritualité - Recenseur : Bruno Clarot s.j.
Le maître spirituel apparaît comme le dépositaire d'un héritage, le garant d'une continuité spirituelle de sagesse et d'une voie de perfection qu'il a lui-même parcourue et dont il connaît les méandres et les difficultés. Cela suppose chez le disciple confiance et abandon à l'autorité du maître. Parmi les directeurs, on distingue les maîtres de sagesse et les charismatiques inspirés. Chacun possède ses méthodes et ses particularités. La direction spirituelle chrétienne fut précédée et influencée par celle des Juifs et des Gréco-Romains. Le monde gréco-romain a connu des maîtres de sagesse (doctrinaux) et des maîtres charismatiques (exemples de vie). Les communautés nées de Pythagore, Socrate, Épicure continuaient l'action de leur fondateur devenu leur idéal de vie. Plotin et Proclus créèrent des écoles à fonds religieux outre leur caractère philosophique et moral, où les maîtres ne sont que des médiateurs vers le divin. Ce type de direction, réservé à des élites, fut aussi celui d'Origène et de Jean Chrysostome, à peu près à la même époque.
La direction spirituelle monastique quitte le maître de sagesse de type païen pour une forme de spiritualité anti-intellectualiste. Les religieux sont guidés par la Règle et la Bible pour reconstruire des «hommes nouveaux». Antoine et Pacôme ont joué un grand rôle dans ce type de direction nullement réservé à des prêtres. Dans la Règle basilienne, la direction spirituelle est surtout communautaire et exercée par l'Abbé auquel les religieux manifestent chaque soir leurs pensées et leurs défauts. La nouveauté du «Père spirituel» fut la dépendance absolue du disciple envers son directeur jusqu'à la victoire totale sur les tentations pour que, devenu parfait, le dirigé puisse à son tour guider d'autres disciples afin d'en faire des hommes nouveaux avec l'aide du Saint-Esprit. Cette nouvelle forme de «Père spirituel» aux IVe-Ve siècles donna lieu à des excès, certains s'arrogeant le titre de directeur sans en avoir la compétence. C'est pourquoi des maîtres comme saint Nil et Cassien exigèrent une formation pour devenir spécialiste de l'âme. Pour Cassien, le maître spirituel met les débutants en état de poursuivre seuls avec le Saint-Esprit, leur route vers la perfection, mais avec un certain contrôle de leur formateur. La Palestine forme un groupe à part avec des communautés religieuses sans supérieur, mais avec un livre de conseils spirituels, L'Ascéticon d'Isaïe de Gaza et des directeurs spirituels pour aider les religieux à faire les discernements nécessaires. Barsanuphe et Jean de Gaza se spécialisèrent, eux, dans la direction spirituelle par correspondance.
Puis, en quelques pages, Filoramo résume l'évolution de la direction spirituelle jusqu'à notre époque où tout change avec rapidité. La direction spirituelle a fort évolué et devra continuer à le faire. Jusqu'ici elle a su s'adapter, pourquoi pas à l'avenir?, écrit-il. Livre intéressant par son souci d'objectivité et son large domaine d'étude. Une petite question cependant: peut-on affirmer que globalement la Contre-Réforme a voulu «discipliner et contrôler les consciences»? Certes, il y eut des cas de ce genre, mais parler de tendance générale, n'est-ce pas excessif? - B. Clarot sj