Physicien de formation, A.P. Porter aborde, dans cet ouvrage, une étude de « la religion biblique » sous un angle philosophique, avec les méthodes de l’histoire des religions. Le parcours historique qu’il propose et les interactions entre les grandes questions de l’humanité et l’histoire de l’interprétation biblique sont assurément stimulantes. L’A. attribue à la « religion biblique » deux caractéristiques : (1) tout en reconnaissant différentes sortes de souffrances, elle reconnaît le monde comme fondamentalement bon et (2) la vie humaine n’est pas située seulement dans l’équilibre de la nature mais à l’intérieur d’une histoire. À partir de cette double clé, Porter propose une lecture de l’histoire de la religion biblique, en particulier son expression dans la théologie chrétienne, comme un développement plus ou moins cohérent. Selon lui, la théologie serait coupable de diverses infidélités à ces deux principes : elle aurait cherché des preuves pour se justifier plutôt qu’à vivre l’alliance, elle aurait minimisé l’engagement libre de l’homme, survalorisé l’importance des miracles, développé des idées semi-marcionites ou monophysites, etc. Dans le contexte de la postmodernité, caractérisée précisément par une réflexion constante sur les fondements du discours, la « religion biblique », par les questions sans réponses qu’elle pose, constituerait une provocation renouvelée pour la théologie, invitée à reprendre au sérieux l’invitation évangélique à la conversion. Une telle réflexion, à n’en pas douter, surprendra l’exégète ou le théologien qui seront en droit de formuler des objections sérieuses à l’analyse proposée. — A.d.B.