L'A. prend ici, dans un style imagé et incisif, la défense de la
vie, de toute vie, qui surgit en deçà des normes, des objectifs ou
des performances que le regard contemporain voudrait lui imposer.
Après une satire, menée humour battant, du système des normes qui
nous conditionnent, le ton devient plus sérieux pour montrer, en
bonne phénoménologie, l'indépassable priorité de la vie, même
imparfaite, même embryonnaire ou mourante, sur toutes les valeurs
qui, si idéales qu'elles soient, restent tout de même suspendues au
constat premier de l'être-là des personnes. La conviction du
philosophe quant au caractère essentiellement gratuit de la vie
s'ancre profondément dans la méditation chrétienne du prêtre sur
l'Agneau immolé (image de couverture) qui rejoint toute pauvreté et
toute faiblesse. À noter spécialement, les trois belles pages (15 à
17), en liminaire, sur la miséricorde: c'est que le discours
éthique que tient l'Église, par exemple sur l'illicéité de
l'avortement, ne peut être risqué (et reçu) que s'il est imprégné
du pardon qui vient de l'Esprit de Dieu. De lecture aisée, avec des
implications personnelles de la part de l'A., l'ouvrage s'adresse à
un large public qui trouvera, dans cet hymne à la vie, une
illustration renouvelée de la tradition morale catholique. - X.
Dijon sj