«Tu aimeras le Seigneur ton Dieu…» L'identité chrétienne

Antoine Vergote
Psychologie - Recenseur : Albert Chapelle s.j.
«Le malaise chrétien» (p. 11-35) diagnostiqué par A.V., prêtre, psychanalyste et théologien, professeur émérite à l'Université de Louvain, prend ici un saisissant relief: le premier commandement biblique «aimer Dieu» ne vient pas spontanément sur les lèvres de l'homme religieux (p. 24), il «n'a pas de sens dans le déisme chrétien ou dans le christianisme déiste» (p. 29), il est récusé par la «réduction psycho-affective du christianisme» (p. 34). L'A. montre «la conversion de l'esprit» (p. 174) que requièrent le monothéisme biblique et la singularité de la foi chrétienne positive. À cette conversion du «religieux païen» toujours présent, il faut une «vigilance sans méfiance». Lire avec «l'oeil qui écoute», entendre la voix au delà du sacré, reconnaître la présence dans l'histoire de Celui qui s'y est nommé (Ex 3, 1-15), tels sont les premiers pas vers Dieu somptueusement évoqués dans des pages fortes des fulgurations de la Bible.
«Dieu, qui est-ce?» «Celui par qui Jésus est Fils, voix et lumière» (p. 122), «Celui qui, de la mort, ramène à la gloire divine» (p. 131) (L'A. abandonne aux archives du passé les titres «Rédempteur» et «Sauveur» donnés à Jésus Christ depuis le premier christianisme [p. 140-142]. Le faut-il?). L'amour de Dieu demande «une disposition active qui s'adresse à Dieu pour lui-même» (p. 152). Cet appel est éclairé ici par un riche «intermède anthropologique sur l'amour» (p. 153-167) et une interprétation spirituelle et psychologique du «mal radical» comme «haine de Dieu» et «péché contre l'Esprit» (p. 176-178).
«Chez l'homme, l'amour de Dieu pénètre le rapport au monde vu comme création divine, il est centré sur Jésus Christ, il imprègne… l'éthique des relations humaines» (p. 185). Tel est le thème des deux derniers chapitres où les considérations sur l'esthétique, le symbole et la contemplation conduisent à un discernement du «paganisme moderne» et à la célébration de la vie «en, comme et par» Jésus Christ (p. 198), à sa suite et à son imitation. «L'éthique de l'Alliance et de l'agapè», fondée dans l'unité des deux Testaments, de la foi et de la raison, s'accomplit dans l'Eucharistie où s'opèrent «de façon présomptive les retournements qu'énoncent les Béatitudes» et où «s'anticipe le temps de la transformation divine du monde humain» (p. 251). Dans la sérénité et la transparence de cet ouvrage, sciences humaines et philosophie se conjuguent avec le retour aux fondements bibliques pour éclairer l'identité chrétienne. - A. Chapelle, S.J.

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