Inutile d’insister longuement : sans vouloir jouer les Cassandre, il est indubitable que l’Église connaît bien des difficultés. Plus qu’auparavant ? L’historien répondra que toutes les époques ont connu des épines, et que les périodes qui peuvent paraître avoir été des « âges d’or » eurent aussi leurs déficiences plus ou moins graves. Dans cet ouvrage, à deux voix (chaque chapitre écrit par un des deux A. est suivi d’« Un autre commentaire » rédigé par l’autre A.), les questions abordées sont celles du « genre », de la violence, de la « catholicité » de l’Église, du numérique, de l’exercice des ministères, et de l’écologie. Pour les scruter, les A. ont revisité le trésor que fut Vatican ii. Non point qu’il ait abordé ce type de questions de la manière dont nous les recevons de nos jours. Mais parce que ce concile peut, grâce en particulier à son enracinement biblique, aider à avancer dans la compréhension de ces problématiques et trouver des leviers pour les vivre sereinement et apporter des solutions pour le bien de l’Église, des croyants et de l’humanité tout entière, et sans acrimonie. Un tel ouvrage est sans doute aussi une occasion de rappeler une nouvelle fois que l’œuvre de Vatican ii fut en quelque sorte une « réécriture » du credo de l’Église qui revisita sa foi, et qu’à travers cet acte, Dieu confia cette foi à tous les croyants. Cela évite de tomber dans le piège du fixisme comme dans celui de croire qu’on avait tout changé.

Par sa facture, l’ouvrage déconcertera sans doute l’un ou l’autre lecteur, et tous n’avaliseront peut-être pas les positions des A. Il n’empêche : le lire vaut la peine, ne serait-ce que parce qu’il pourra susciter des réactions, des interrogations, d’autres pistes de réflexion, etc. Mais la foi chrétienne n’est-elle pas un « chemin » et non point un « port d’attache » d’où on ne sort jamais ? — B.J.