Une analyse comparée d'Esther TM et LXX. Regard sur deux récits d'une même histoire

Catherine Vialle
Écriture Sainte - Recenseur : Jean Radermakers s.j.
C'est une remarquable thèse doctorale que nous offre une jeune et talentueuse exégète de Louvain-la-Neuve, mariée et mère de famille. Elle l'a soutenue en octobre 2007, après avoir travaillé sous la compétente direction d'A. Wénin, son promoteur. Une oeuvre originale qui renouvelle la manière dont le livre d'Esther est généralement apprécié dans l'histoire de l'exégèse chrétienne. Son originalité: étudier l'ensemble du livre biblique d'abord en hébreu (texte massorétique) puis en grec (la Septante). Le même patron est utilisé de part et d'autre: la dynamique de l'intrigue principale et des micro-intrigues, la situation des personnages et le monde du récit, anthropologique et théologique. Une méthode narrative rigoureuse est appliquée à chacune des versions et le lecteur de la thèse est invité à s'y impliquer au fil de sa lecture. Il apprend pourquoi le nom de Dieu n'apparaît pas dans le livre, et pourtant comment il est «providence» dissimulée sous les événements humains, pourquoi la cour du roi de Perse est décrite de façon ironique, pourquoi les juifs vivent toujours avec l'appréhension d'être anéantis, ou dilués dans la culture païenne, comment l'agir humain n'échappe pas à la sollicitude divine, même discrète et effacée. Au vu des conclusions, certains pourraient estimer assez maigre le résultat de l'enquête; il n'en est rien cependant, car l'examen de la stratégie du texte fait bien ressortir les ambiguïtés et les hésitations humaines au sein d'un plan de salut universel. Nous avons là un beau modèle d'analyse narrative que sauront apprécier exégètes et étudiants. L'A. présente chaque partie et la conclusion de son étude par quelques versets de psaume qui constituent un mini-commentaire suggestif (Ps 111,2; Ps 33,10-12 et Ps 139,17-18). Une confrontation avec le Midrash Rabbah serait sans doute aussi pertinente (figure messianique féminine!). Ce travail nous invite encore à étudier ces livres bibliques de fiction (Ruth, Tobie, Judith, Esther, Jonas) qui en disent long sur la mentalité juive postexilique et nous permettent une utile réflexion sur notre situation présente. - J. Radermakers sj

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