Prêtre du diocèse de Lucca et enseignant en théologie biblique, Luca Bassetti a rédigé un certain nombre d’ouvrages qui se distinguent par leur clarté sur des thèmes bibliques. Ce livre a pour objet l’amour nuptial, pour méthode, un parcours historique de l’AT à la lumière de l’anthropologie théologique, et pour thèse, la préparation progressive de l’accomplissement de la thématique nuptiale dans les noces du Christ et de l’Église.

L’A. croise la grille de lecture générale inspirée par Paul Beauchamp sur les trois groupes d’écrits vétérotestamentaires et deux critères proprement matrimoniaux : monogamie ou polygamie, endogamie ou exogamie. Les écrits historiques, dans les temps patriarcaux, emploient une stratégie conciliatrice : si la préférence va à la fidélité monogamique et exogamiquement ouverte, les pratiques polygamiques sont tolérées. Avec les prophètes, à l’époque monarchique, la stratégie devient agressive : monogamie et endogamie sont défendues contre les pratiques poly- et exo-gamiques, qui sont autant de tentations idolâtriques. Enfin, avec les écrits sapientiaux et à l’époque post-exilique, la position devient défensive : ce que les prophètes ont affirmé d’un point de vue éthique est désormais fondé théologiquement dans les épousailles de la Sagesse divine avec le peuple-épouse, conduisant à une vision du mariage monogame où la racine endogamique s’ouvre à une fructification exogamique.

Cette vision et cette pratique du mariage sont toujours plus clairement connectées à sa signification théologique. Selon une double ligne dont la seconde est inspirée par Balthasar. Primo, ce qui, chez les prophètes, n’était encore qu’une image devient de plus en plus, dans les écrits sapientiaux, le quasi-sacrement de l’amour divin. Secundo, d’abord analogique (ascendante), l’alliance époux-épouse qui était le symbole de celle de Dieu et de son peuple devient, de manière catalogique (descendante), le fruit efficace de l’amour fidèle de Dieu, et la préfiguration du don sponsal du Christ pour son Corps qu’est l’Église.

L’exégète reprochera sans doute à l’A. sa trop grande systématicité et une préférence pour la narration contre l’analyse des textes, et le théologien une conviction qui vaut souvent argumentation. Demeure un livre suggestif porté par une puissante vision et solidement charpenté. — P. Ide