Vivre et souffrir: relever le défi
D. TettamanziMorale et droit - Recenseur : Alain Mattheeuws s.j.
Ensuite, des questions particulières sont abordées: comment les structures hospitalières sont-elles au service de la personne (chap. 2), quelle est la place des comités d'éthique et la transcendance d'une éthique non pas procédurale mais universaliste en leur sein (chap. 3), comment procéder à une expérimentation sur l'homme (chap. 4). Les critères déployées renvoient systématiquement à la transcendance de la personne sur les institutions et sur les actes techniquement «possibles». Le chap. 5 aborde la question du sida. Il souligne les traits spécifiques de la maladie pour tourner ensuite notre regard sur le malade atteint du sida: sa solitude est un appel à notre solidarité. L'usage du préservatif dans la relation sexuelle hors mariage reste pour l'A. un mal «mineur». L'homme serait-il alors condamné à faire le mal, même dans ce cas? Si l'apparition et le développement du sida témoignent d'une crise des valeurs, il nous reste à fortifier l'espérance d'une solidarité propre à une civilisation de l'amour.
Nous avons apprécié la délicatesse déployée au chap. 6 pour affronter le thème de la vieillesse. L'A. y montre les valeurs en jeu dans le regard posé personnellement et culturellement sur la personne âgée. Des propositions pastorales précises sont offertes qui rendent le discours concret et cohérent: «la personne âgée reste ouvrière de la vigne». Les deux derniers chapitres éveillent notre conscience au rapport entre l'économie et la santé (chap. 7); l'éthique et l'écologie (chap. 8). La réflexion y est moins analytique et s'affronte un peu rapidement aux médiations entre les critères classiques de l'éthique et de nouvelles et puissantes dynamiques sociales. Comment interpeller l'économique par la Parole de Dieu? Quel est le rapport d'intendance et de service que l'homme est appelé à avoir pour la création qui lui est confiée? L'exemple de saint François n'est pas que symbolique: il atteste pour le croyant une harmonie possible dans le respect des différences du créé. Le problème pour les institutions est de pouvoir intégrer ce que l'A. appelle «la conversion écologique».
De part en part de ces questions variées, l'enjeu apparaît bien être le respect de différence de l'homme. Sa dignité est un fait. Elle est une responsabilité aussi à discerner, à fortifier, à vivre. Ce livre déploie les données les plus récentes des débats en bioéthique et nous éclairent sur leurs enjeux. Il nous livre également l'essentiel de la réflexion contemporaine sur ces questions délicates. - A. Mattheeuws sj