L’édition française du missel de Paul vi (tertia typica) en usage depuis le 28 nov. 2021 (cf. NRT 143, 2021, p.623-635) fait l’objet du 5e Cahier de « Célébrer » qui complète les deux premiers, Vie donnée, vie reçue. L’offrande eucharistique et Les célébrations de la Parole. La présentation de l’Ordinaire de la messe ne se développe pas dans le registre de la théologie classique, mais plutôt dans la ligne de la mystagogie, privilégiant le mystère célébré et l’expérience du croyant qui y participe. C’est ainsi que pratiquaient les évêques des premiers siècles dans leur « mystagogie » ou initiation au mystère du salut, célébré au cœur de l’« Église en prière ». Les trois pôles de celle-ci sont les événements du salut rapportés par la Bible, le mystère célébré en Eglise per Christum, et l’expérience existentielle des « jeunes baptisés ». Pour nos contemporains dont beaucoup ont perdu les « codes de la foi », cette manière de faire qui nous rapproche de celle des premiers siècles est sans doute à privilégier. De plus, les auteurs invitent à pratiquer la « transversalité », les paroles et rites liturgiques s’éclairant à la lumière d’autres gestes et paroles, lectures bibliques et repas eucharistique, mais aussi au regard des autres sacrements et même des sacramentaux. La Constitution liturgique Sacrosanctum Concilium a pris en considération la totalité de la ritualité chrétienne, refusant la séparation regrettable qui s’était introduite dans l’approche théologique entre liturgie et sacrements d’une part, sacrements et sacramentaux d’autre part. L’approche mystagogique peut être complétée par la Présentation générale du Missel romain qui, elle, suit les diverses séquences de l’eucharistie, rites d’ouverture, liturgie de la Parole et du repas eucharistique, rites de conclusion.

On aurait tort de ne s’intéresser qu’aux changements et ajouts que présente le Missel de 2021. Bien sûr, ils ont leur intérêt, et peuvent renouveler le regard sur le rite eucharistique, compensant l’inconfort de l’apprentissage des nouvelles paroles liturgiques, mais il y a de nombreuses formules au choix et la majorité des textes sont bien sûr ceux du Missel de 1970. Après un demi-siècle d’utilisation du Missel de Paul vi et certains ajustements de la langue française, pourquoi ne pas (re)découvrir la richesse du lectionnaire biblique et pratiquer l’homélie d’une manière plus large et plus variée plutôt que de s’en tenir chaque dimanche au commentaire du seul évangile. La Parole est proclamée et célébrée. Elle peut résonner ou trouver un écho dans les autres paroles et gestes de l’eucharistie. L’homélie peut, elle aussi, pratiquer la transversalité.

Les Prières eucharistiques, essentielles pour une participation active et croyante à la célébration pourraient être présentées aux chrétiens et particulièrement l’épiclèse, cette richesse de l’Orient encore méconnue, qui aujourd’hui a trouvé place dans chacun de nos formulaires. De manière plus large, on ne cesse de souligner que la liturgie de Vatican ii est marquée par le mystère pascal. Mais il convient de ne pas le restreindre au pôle de la résurrection. La dramatique du salut ne va-t-elle pas de l’Incarnation à la Pentecôte et même à la seconde venue du Sauveur ? Le mystère pascal est de l’ordre du « passage » de la mort à la vie, de ce monde au Père (Jn 13,1). Ce passage est significatif de notre propre passage, estompé dans certaines funérailles centrées par l’éloge du défunt au détriment de la dimension pascale. Enfin, les ministres de l’eucharistie se souviendront que dans le choix des oraisons, des lectures bibliques de semaine, des chants liturgiques, c’est d’abord le « bien spirituel » de la communauté qui doit être pris en compte plutôt que la sensibilité personnelle de celui qui préside (PGMR 352). Aussi une concertation avec les divers acteurs de la célébration sera-t-elle la bienvenue, particulièrement avant les temps liturgiques majeurs (p. 174). — A. Haquin

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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