L'orthodoxe Vladimir Soloviev (1852-1900) unit en sa personne de
façon exceptionnelle le philosophe, le poète, le théologien et
l'historien. Il mérite surtout d'être connu à cause de sa lutte
pour une Église catholique réunie autour du Pape. Paul Toinet situe
sa personne et son oeuvre sous trois aspects. Il les décrit d'abord
dans le cadre théologique et politique de la Russie partagée hier
comme aujourd'hui entre l'admiration et la méfiance envers
l'Occident et l'Église de Rome. Un second chapitre compare S. à
quelques-unes des grandes figures du renouveau catholique en
Occident: Newman, Blondel, Bergson, Maritain, Gilson, Claudel,
toutes marquées par le désir de dépasser les prétentions du
rationalisme régnant. Dans un chapitre de conclusion, T. montre
dans l'oeuvre de S. un oecuménisme de «clairvoyance» où les
chrétiens de toutes les tendances se retrouvent dans le respect de
leur diversité légitime autour du successeur de Pierre: c'est un
appel à tous, catholiques, orthodoxes, protestants, etc. à devenir
de plus en plus «catholiques». Cela ne se réalisera que si chacun
s'ouvre de plus en plus avec grand respect au souffle de Celui qui
est l'Esprit du Christ, à l'oeuvre dès l'origine et maintenant
encore pour amener tous les hommes à l'unique Médiateur.
Si l'aspect positif d'une papauté sans papisme est bien mis en
lumière, on doit regretter que reste trop dans l'ombre la condition
rappelée aussi par Vatican II, la collégialité épiscopale. Car
Pierre est primus inter pares, non simplement un des douze, ni leur
supérieur, équilibre difficile à traduire en pratique, comme semble
le montrer le peu de progrès réalisé depuis lors sur ce point. -L.
Renwart, S.J.