Ce second recueil (le premier traitait du sacerdoce) publie une
quinzaine de textes rédigés au long des trente dernières années
dans des circonstances diverses par le pape émérite
Benoît xvi autour de l'articulation entre la foi dont
témoigne l'Église et la société politique. Alors que le pape
Jean-Paul ii a utilisé le levier des droits de l'homme
pour faire vaciller le totalitarisme marxiste, son successeur s'est
surtout orienté vers le recadrage de la pensée libérale. Il faut
certes saluer l'apport historique des Lumières et des droits de
l'homme, mais la tentation est grande de détacher les idéaux de
liberté et d'égalité de leur sol qu'est la vérité. Sans surprise,
on retrouve donc ici quelques idées-forces exposées dans
l'encyclique Caritas in veritate (2011). Au
niveau individuel, si la personne se croit à l'origine d'elle-même,
décidant de ses propres valeurs sans s'appuyer sur une référence
tierce, elle finit par faire le jeu de l'Adversaire qui entend
précisément couper le lien entre l'homme et Dieu. Dans le champ
politique, cette tentation prend le nom de relativisme
positiviste : si la démocratie ne s'appuie sur aucun socle de
valeurs inaliénables, la loi du plus fort finira par prendre sa
place pour régir les libertés vides. Ainsi le scepticisme du
« Qu'est-ce que la vérité ? » (Jn 18,38) a-t-il
conduit Pilate à s'en remettre aux cris injustes de la foule. Selon
l'enseignement traditionnel, la raison humaine est capable
d'énoncer le droit (peut-on encore l'appeler droit naturel ?)
qui, à la fois, limite et fonde le pouvoir de l'État, mais
l'histoire nous apprend que la tradition religieuse est assurément
bienvenue pour stimuler la raison en cette tâche salvatrice. Une
solide pensée, donc, illustrée par de multiples références (St
Augustin, M. Chagall, H. Kelsen, K. Marx, T. More, J.H. Newman, R.
Rorty, A. Sakharov, Socrate, A. Soljenitsyne, A. de Tocqueville…)
pour lesquelles un index des noms propres aurait été bienvenu. - X.
Dijon s.j.