Dans ce recueil d'articles, l'A. tire profit du «concept flou» de
dignité humaine pour «aborder des questions complexes, sans
réponses consensuelles» (p. 166). Cette complexité détermine la
démarche systémique de l'A. Après une belle 1re partie qui découvre
dans la démaîtrise le commencement, le terme et l'aiguillon de la
maîtrise biomédicale, la 2e partie croise quelques expériences
éthiques communes avec l'apport propre du christianisme. L'A. y
médite notamment la liturgie eucharistique, qui met «en scène ce
va-et-vient entre la certitude du croyant d'être doté d'une dignité
ontologique radicale et son vécu effectif, toujours en décalage par
rapport à cette dignité première» (p. 56), jusqu'à la communion où
le croyant, «saisi par la dignité divine», reçoit «dans le corps du
Christ, sa dignité inaliénable» (p. 63-64). La 3e partie examine
quelques textes de référence sur la dignité en bioéthique, ce qui
amène l'A. à la nécessité de tenir ensemble trois aspects: la
dignité ontologique (celle des droits de l'homme), qui ne se prouve
pas mais se reconnaît; le sentiment de dignité, qui, par sa force
de ressourcement, invite chacun à «vivre conformément à sa dignité
humaine» (p. 102-103); et enfin la «dignité objective déployée»,
qui désigne la «mise en oeuvre éthique, pour chacun, de son
humanité, (…) quand le mal et la finitude s'en mêlent» (p.
104-105). La 4e partie interroge la conception qui évalue la
dignité de chacun à l'aune de sa qualité de vie, et renverse la
perspective: la qualité de vie est une exigence de la dignité
inaliénable de chacun, qui ne peut être «fondée», mais se situe en
position d'eschaton de toute éthique (p. 126). La dernière
partie montre comment l'éthique met la médecine au défi du respect
de la personne; l'A. énumère quelques repères fondamentaux qui
peuvent y aider.
Face à la diversité des questions et des réponses, le propos de
l'A. est toujours humble. La référence chrétienne y apparaît comme
la bonne nouvelle d'une qualité d'humanité que Dieu donne et
garantit. - F. Odinet