Au cours du long voyage qui, du 4 juin au 9 juillet 1908, le
ramenait en France, L. Massignon voyagea en compagnie du carme
d'origine irakienne Anastase-Marie de Saint Élie, qu'il avait
rencontré quelques mois auparavant et qui se révéla un homme fort
érudit en fait d'histoire de la littérature arabe. Une amitié
profonde se tissa entre les deux hommes, qui se concrétisa par un
assez abondant échange épistolaire qui couvrit les années
1908-1936. S'il n'était pas possible de les publier toutes - entre
autres parce que celles du religieux à M. ont été confiées aux
Archives nationales irakiennes et que nul ne sait quel fut leur
sort après les événements récents -, D.M. a toutefois entrepris de
publier une septantaine de missives envoyées au P. Anastase,
certaines n'étant toutefois pas publiées intégralement, et d'autres
ayant été écrites par les parents de M. Le tout est d'ailleurs
suivi d'un relevé complet des 250 lettres de M. à Anastase.
Quel que soit le sentiment d'inachèvement que pourrait susciter
cette publication (D.M. laissa un manuscrit inachevé), d'ailleurs
soigneusement annotée, il n'en est pas moins précieux pour tout
ceux qui s'intéressent bien sûr à M.: c'est un dossier de plus qui
témoigne de la grande finesse humaine et religieuse de cet homme.
Et comme tous les dossiers de correspondances émanant de savants,
cela ne peut qu'éclairer leur époque si riche en débats
intellectuels.
Espérons que l'on puisse un jour retrouver les lettres du carme, et
que l'ensemble de cette correspondance ait la chance d'être
intégralement mise au jour. - B.J.