Cette étude des rites funéraires bouddhiques pratiqués dans une
localité du Sri Lanka est originale à plus d'un titre. Bien que sa
formation soit celle de l'indianisme classique et des études
textuelles plutôt que de l'anthropologie ou de l'ethnographie, l'A.
a cherché à combiner les méthodes de ces diverses disciplines.
Partant de l'observation directe de cérémonies funéraires -
notamment des rôles qu'y jouent les moines et les laïcs -, elle
complète et éclaire ces données par des entretiens avec les
personnes concernées. Elle interroge ensuite les textes canoniques
et les commentaires classiques du bouddhisme de la «Tradition des
Anciens» (Theravâda). Elle remonte enfin, du côté de l'hindouisme,
jusqu'aux Écritures védiques et aux traités brahmaniques. Cette
enquête fait apparaître d'étonnantes continuités par-delà le
détroit qui sépare Sri Lanka de l'Inde et surtout par-delà le
clivage entre hindouisme et bouddhisme. Si les textes anciens
éclairent les pratiques actuelles, il est également vrai, selon
l'A., que les pratiques actuelles peuvent renouveler certaines
questions, par exemple la tension entre la rigueur de la loi du
karma et la conviction ou du moins l'espoir que l'état d'esprit à
l'instant de la mort influence la forme que prendra la renaissance
ou réincarnation; de même, l'équilibre entre la crainte des morts
et le souci d'aider les défunts dans leur nouvelle destinée,
notamment en leur attribuant les mérites d'actions vertueuses. Le
rapport à la mort et aux morts étant une dimension essentielle de
la culture humaine, le lecteur sera probablement amené, avec la
prudence requise, à étendre plus largement encore la réflexion
comparative. - J. Scheuer sj