Cet ouvrage d'une douzaine de contributions s'inscrit dans
l'ambitieuxprogramme de recherche de l'École biblique et
archéologique française de Jérusalem sur « La Bible en ses
traditions ». Comme s'en explique son maître d'oeuvre, le
dominicain Olivier-Thomas Venard, « ce programme s'efforce de
promouvoir une approche enrichie des Écritures, en présentant la
variété des versions bibliques traditionnelles ainsi que leur
réception dans l'histoire, à travers confessions religieuses ou
disciplines culturelles, des origines à nos jours » (p. 9).
C'est précisément cet aspect de l'histoire de la réception du texte
biblique qui est, ici, mis en lumière avec trois études sur le
Cantique des Cantiques (G. Lobrichon, J.-M. Auwers, G. Fabry), deux
sur le livre de Job (F. Mies, G. Quevreux), une sur 2 Th 3,10
(« que celui qui ne travaille pas ne mange pas », R.
Burnet). À ces contributions s'ajoutent trois études plus ciblées
sur l'apport de l'histoire de la réception à l'exégèse dans le
cadre de la critique textuelle (P. Faure), de la liturgie (A.
Leproux) et de la littérature (M. Bazin de Jessey). Ne pouvant
détailler le contenu de chacune de ces études, je me contente de
signaler, comme échantillon représentatif de la richesse de ce
vol., l'étude copieuse (plus de 60 p. !) et très fouillée -
même si elle passe trop rapidement sur les commentateurs juifs
médiévaux - de Françoise Mies sur l'un des versets emblématiques du
livre de Job (Jb 19,25) : « Exégèse critique et histoire
de la réception de Job : « Je sais que mon rédempteur est
vivant » ». Face à la richesse et à l'infinie diversité
de ces interprétations scripturaires, la conclusion à deux voix (J.
Taylor et O.-T. Venard) pose la question d'autant plus essentielle
du principe d'unité de toutes les Écritures et elle suggère de
chercher ce principe dans la christologie (je me demande si le
terme « messiologie » ne serait pas moins restrictif).
Elle fixe ainsi les jalons d'un chantier qui n'est pas prêt de
s'achever. - D. Luciani