Résumé d'une thèse de maîtrise en théologie à l'Institut catholique
de Paris, ce livre pose la question de la théologie monastique,
spécialement dans l'oeuvre du cistercien Aelred de Rievaulx
(1110-1167). Dans ce but, Philippe Nouzille osb étudie ceux-ci (y
compris les inédits en cours de publication). Un chapitre
d'introduction se demande s'il est possible de penser le rapport de
l'homme à Dieu sans recourir à l'ontologie. Les trois chapitres
suivants y répondent par l'examen des textes. L'un s'intitule «la
tunique multicolore du Christ» (la création, le rôle du Verbe et
l'image de Dieu dans l'homme, l'Écriture, l'incarnation, la
liturgie…). L'autre, «Domus Dei», étudie l'acquisition des vertus,
l'itinéraire spirituel, la demeure de la Trinité, la nouvelle
tunique de Joseph. Le dernier chapitre présente «le temps de la
béatitude ». Face à une théologie savante, qui risque de se
dégrader en considérations purement spéculatives, la «théologie
monastique» (le terme est de Jean Leclercq osb) se présente comme
une démarche unifiante, où le discours ne se détache pas du vécu,
car elle se veut rencontre objective de Dieu dans l'expérience
subjective du croyant. Il pourrait être intéressant, croyonsnous,
de rapprocher cette affirmation de la réponse de Joseph Maréchal (†
1944) à l'aporie de Kant. Celui-ci se déclarait incapable de
conclure par un raisonnement humain à la certitude de l'existence
de Dieu. Maréchal, reprenant l'analyse du jugement, a montré que ce
que Kant ne trouvait pas au terme était inclus comme élément
constitutif du processus, car le jugement humain n'est possible que
sous l'attrait d'un Absolu, à la fois réel et non-conceptualisable.
- L. Renwart,