Depuis vingt ans, grâce aux Compagnons Bâtisseurs, le Frère A.
Gouges, O.P., a rebâti une partie de l'ancienne abbaye cistercienne
de Sylvanès et en a fait un centre de chant liturgique renouvelé
par ses mélodies originales et qui attire des foules dans ce coin
de Rouergue, au sud des Cévennes. Connaissant bien la région et ses
légendes, P. Camparidès revenu lui-même de l'indifférence à la foi
a choisi de raconter indirectement sa conversion à travers celle de
Pons de l'Héras, fondateur de Sylvanès en 1125. Il utilise les
maigres données de l'histoire et les légendes sur ce thème pour
bâtir un roman vivant, attachant et raconte comment Pons, d'abord
défenseur des voyageurs cévenols, devint un brigand de grands
chemins, se convertit pour un motif mal connu, restitua le fruit de
ses vols et partit à Compostelle avec six compagnons pour faire
pénitence. À leur retour, ils décidèrent de vivre ensemble au
lieudit Sylvanès accordé par un seigneur ami de Pons. Lors d'une
famine, les compagnons aident les miséreux et attirent beaucoup de
vocations. Devant cet afflux inattendu, Pons va consulter Guigues,
un chartreux renommé, qui lui conseille d'adopter une Règle
existante et de s'agréger à l'Ordre de Cîteaux en pleine expansion.
Préférant demeurer Frère convers, Pons garde les troupeaux et meurt
vers 1140, alors que Sylvanès ne cesse de croître.
L'A. a réussi à recréer une atmosphère et un itinéraire de
conversion très plausibles en se servant abondamment des psaumes
redécouverts grâce au Fr. Gouzes. Il n'ajoute rien aux faits connus
mais analyse finement l'état d'indifférence religieuse et le
passage à la conversion. - B.C.