L'incarnation signifie le désir divin d'être avec nous, de partager nos souffrances et de nous sauver de cette situation désespérée (38). On ne peut séparer Bethléem et le Golgotha. La mort du Christ en croix donne à l'incarnation une terrible solennité (41). En s'incarnant, Dieu s'est anéanti, ose dire saint Paul (71). L'amour rend semblable. Par amour, Dieu se rend semblable à nous jusqu'à mourir en croix (74). Pareille mort fut une folie d'amour (83). Chalcédoine a parlé d'une personne en deux natures, mais sans définir les termes. C'est la «personne» qui pose le plus de questions: Est-ce «un sujet subsistant», ou «un moi conscient et autonome» ou «un être interpersonnel»…? (93). Qu'est-qui fait la continuité d'une personne? Est-ce la mémoire? et alors les amnésiques…? (96). Le Christ a deux intelligences et deux volontés (Constantinople). Nous sommes là en plein mystère. Depuis le dernier concile, on n'ose plus dire avec saint Thomas que l'humanité du Christ a toujours possédé la vision béatifique, car cela crée trop de problèmes pour la liberté, la souffrance etc. du Christ (104). L'islam accepte la conception virginale du Christ comme un fait historique, mais sans reconnaître Jésus comme le Fils de Dieu incarné. Pour Pannenberg et certains théologiens, ce serait une légende, pour d'autres cela irait contre les lois naturelles, ou encore ce serait une simple imitation des mythes gréco-romains, etc. L'A. répond à ces objections et conclut avec l'éminent exégète R. Brown pour lequel Matthieu et Luc considéraient cette conception comme historique et il donnait trois sens à cette conception: exprimer l'origine divine de Jésus - celui-ci fut toute sa vie rempli du Saint-Esprit - toute sa vie manifeste la Trinité et la gratuité du salut (122-137). C'est toute la vie de Jésus qui nous sauve depuis le moment de l'incarnation et nous manifeste son amour stupéfiant. L'incarnation a transformé le monde et commencé le salut. C'est l'amour divin qui nous a créés et qui nous sauve (143-147). Nos opinions a priori sur Dieu peuvent nous ouvrir ou nous fermer à la foi en l'incarnation, et celle-ci doit s'insérer dans quelque chose de connu auparavant pour être acceptée (152-158). Les choix de Dieu ne sont pas les nôtres et il nous faut les accepter tels qu'ils se présentent (161).
O'Collins tire alors quatre conclusions: d'abord à propos des icônes orientales de la nativité qu'elles situent dans une grotte au lieu d'une étable; - quoique paradoxale, l'incarnation s'accorde à la proximité amoureuse de Dieu pour son peuple; - elle constitue une louange cosmique de Dieu, aspect trop négligé en Occident; - la naissance de Jésus signifie que l'éternité est venue dans notre mortalité et nous sauve du temps qui dévore tout; nous sommes en route vers la demeure définitive et éternelle (162-165).
Espérons que ces notules donneront envie de lire ce petit ouvrage moderne et profond écrit très simplement pour être compris et médité par tous. - B. Clarot sj