Profondément marqué par la lecture luthérienne, l'Occident a
pendant longtemps lu saint Paul avec des préoccupations centrées
sur le sujet individuel (Christus pro me). Par retour de
balancier, des tendances récentes ont été dans l'extrême inverse,
jusqu'à considérer comme non pertinente la catégorie de l'individu.
L'A. de cette thèse de doctorat défendue à l'Univ. de Durham s'en
explique brièvement dans son intr. puis prolonge l'exposé de la
problématique en reprenant les positions de Bultmann et Käsemann
sur le sujet. Si la philosophie existentielle du premier honore la
catégorie de l'individu, l'approche apocalyptique du second
privilégie celle de l'histoire et de l'ordre cosmique. La thèse
défendue est claire: l'individu et la communauté sont profondément
et inextricablement intégrés dans les lettres de Paul; ils
s'appellent l'un l'autre. Il n'y pas de salut sans incorporation au
seul corps du Christ pas plus qu'il n'y a de corps sans membres
individuels. La démonstration se fait en deux temps. Pour répondre
à la critique sociale, le chap. 3 étudie la philosophie d'Épictète
afin de persuader les exégètes que la question de l'individu est
bien vivante dans le monde antique et qu'elle est donc légitime.
Ensuite, les chap. 4 et 5, en proposant la lecture de passages
choisis de l'épître aux Romains, présentent sous la forme d'une
typologie (8 types) la richesse du concept d'individu qui traverse
le texte: de «l'individu générique» (tout homme) ou «représentatif»
(Adam, Christ), que Paul utilise pour souligner la dimension
universelle du salut, à «l'individu corporatif» de Rm 12 où les
membres sont inséparables du corps. Si la lecture du texte
paulinien est un peu rapide par rapport à l'exposé de la
problématique, elle invite à approfondir théologiquement ce qu'elle
met si bien en valeur, à savoir comment l'individu et ses actes
participent en Christ à un salut qui le dépasse. - S. Dehorter