L'Arbre de vie et l'Arbre du savoir. Le chemin phénoménologique de l'herméneutique heideggérienne (1919-1923)
Jean GreischL'herméneutique phénoménologique s'attache à l'«histoire immanente de la vie» (chap. 7). Heidegger, de ce point de vue, manque de vraie rigueur: il n'y a pas chez lui de réflexion sur la «trace»; il ne pourra donc pas entendre droitement la facticité chrétienne (chap. 8), provoquant «la détresse de la philosophie qui tourne toujours en rond dans des questions préalables» (cité p. 197), ces questions qui sont pourtant aussi celles de la religion. La vie se donne de façon inachevée. Le coeur de la problématique est exposé en suivant les cours sur le livre X des Confessions d'Augustin (chap. 9); Heidegger y propose une phénoménologie de la tentation, mais qu'il ramène encore et toujours aux mesures d'une vie qui, neutre ou indifférente, ne peut s'atteindre elle-même.
Trois chapitres terminent cet ouvrage très précis en serrant le questionnement philosophique: l'ontologie phénoménologique peut se tourner en herméneutique de la facticité où la vie est lumière tout en se dispersant (chap. 10); la tâche du philosophe est d'éveiller à l'inquiétude (chap. 11). Voilà qui s'éloigne du projet de Husserl (chap. 12), mais qui s'approche d'une philosophie de la religion. - P. Gilbert sj