La belle préface de Dominique Ponnau ouvre avec finesse, non sans
humour, les réflexions diverses envisagées dans ce volume en
parlant des oeuvres: «Des joyaux? Oui. Mais à recueillir dans un
vase? Oui. Sontils nombreux? Oui, très nombreux. Ont-ils à voir
avec la Jérusalem d'En-Haut, construite de topazes, d'émeraudes, de
jaspes, de rubis? Bien sûr!» et notre préfacier continue:
«Simplement la merveille n'est pas encore assemblée, ni le château
royal, ni le château divin.» Et de donner alors une impressionnante
litanie d'oeuvres et de leurs auteurs… C'est à l'examen de cet
«état des lieux» de l'oeuvre d'art dans nos églises que s'attachent
les contributions de ce magnifique volume. Il n'est pas possible
d'analyser chacun des propos. Après l'introduction des deux
éditrices de ce vol., 13 thèmes et présentations «en situation»
parcourent le vaste éventail des genres artistiques et des
réflexions plus «théoriques»: architecture et espace liturgique,
sculptures; les trois dimensions du divin, l'art du vitrail; la
commande en question, la figuration dans les commandes
contemporaines, «Le verbe s'est fait chair», l'éphémère, exposition
et expérimentations, la photographie dans les églises, les
expositions au couvent de la Tourette, l'art au Collège des
Bernardins, les discours aux artistes de Paul VI, de Jean-Paul II
et de Benoit XVI, le Service National de Pastorale Liturgique et
Sacramentelle et art sacré, de la nécessité de l'art dans nos
églises, regards.
La présentation des auteurs clôt ce volume et permet d'apprécier
«d'où elles ou ils parlent». L'iconographie est excellente, digne
des éd. Ereme. Chaque texte fournit une bibliographie limitée mais
choisie et appropriée. Dans sa présentation de la pensée des papes
récents, J. Alexandre fait justement remarquer: «Dans les idées de
beauté et d'esthétique [il avait quelques lignes plus haut fait
allusion à Barth et Balthasar] il ne faut pas entendre la qualité
extérieure que l'on peut prêter à un objet agréable au regard, bien
proportionné ou séduisant, mais celle intrinsèque à la relation
entre Dieu et l'homme. L'esthétique ainsi comprise est une
détermination essentielle à la juste réception de sa Révélation.
Elle est également essentielle à l'expression de la foi.» Réception
de la Révélation et expression de la foi, voilà les critères d'un
discernement délicat que les responsables ecclésiaux de ces «vases»
- d'argile - auront pour difficile tâche d'exercer envers ce qui se
donne comme un «joyau», l'oeuvre d'art et son auteur. L'art, s'il
en est, n'est-il pas toujours sacré? - J. Burton sj