Prolongeant le travail du regretté Y.-M. Duval, P. Laurence
introduit, édite dans une trad. renouvelée et commente la
Lettre 22 de Jérôme adressée en 384 à la jeune vierge
romaine Eustochium, lettre dont le propos n'est «pas de louer la
virginité» mais de savoir «comment l'observer» (cf. 2.23). L'intr.
de plus de 40 pages présente le milieu familial et culturel
d'Eustochium ainsi que le mouvement d'ascétisme qui rejoint une
partie de l'aristocratie romaine en cette fin du ive s. Elle dresse
un portrait vivant du quotidien de la jeune vierge avant d'exposer
les sources possibles et le mouvement de la Lettre en 2
parties. Quant au commentaire qui suit le texte, paragraphe par
paragraphe, c'est une mine impressionnante qui court sur près de
200 pages; il resitue chaque expression dans l'ensemble épistolaire
hiéronymien et dans celui de la littérature antique. Ce qui est
vrai des Pères l'est d'une manière toute spéciale pour Jérôme: il
parle l'Écriture plus encore qu'il ne la commente. Cette longue
lettre est de ce point de vue délicieuse. Deux passages au moins
ont contribué à la rendre célèbre: l'évocation des souvenirs, alors
que Jérôme est au désert syrien, des danses lascives des jeunes
romaines (7) et le fameux songe: «Ciceronianus es, non
christianus» (30). - S. Dehorter