Ce best seller de Thomas Merton (1915-1968), qui se présente comme
une autobiographie délibérément littéraire, est émaillée de
réflexions pieuses, didactiquement spirituelles, dont le contexte
nécessairement préconciliaire (la première édition française de
l'ouvrage datant de 1951) enlève peu de chose à leur pertinence.
C'est l'histoire de la conversion d'un fan de jazz, devenu militant
communiste avant d'être attiré par l'idéal franciscain pour
finalement entrer à la Trappe faute d'avoir trouver une chartreuse.
Il se sent plus 'continental' que franchement américain, reconnaît
sa dette envers Gilson et Maritain, date sa conversion des jours
qu'il a passés en France: «En entrant à l'abbaye de Gethsémani,
j'ai tourné le dos autant que j'ai pu aux États-Unis pour me
tourner spirituellement vers la France où je suis né». Aveuglément
attiré par le catholicisme, il se montre sévère pour
l'anglicanisme. Un beau livre, bien traduit (mais est-il
politiquement correct d'appeler les afro-américains nègres et
négresses?). En annexe, cinq essais concernant les voeux, la
prière, la paix, la charité tentent de présenter l'idéal monastique
ancien dans son contexte moderne. - P. Detienne sj