Tertullien écrit le premier traité sur la Trinité contre le monarchisme de Praxéas, et il a explicité les deux natures du Christ réunies sans confusion en une Personne unique, doctrine reprise par les conciles de Nicée-Constantinople et de Chalcédoine. La philosophie stoïcienne lui permet de voir la Trinité comme relations entre Personnes divines égales et éternelles en écartant tout modalisme ou subordinationisme. L'union des Personnes constitue l'unicité divine. Le Christ, lui, est unifié dans une personne individuelle singulière. L'unité sans confusion des deux natures du Christ est au fondement de l'être du Christ. C'est dans sa foi profonde que Tertullien a pu mieux éclairer sa compréhension de la Révélation.
J. Alexandre a écrit un bel ouvrage pour mieux faire connaître la pensée de Tertullien. Il regrette qu'on ait trop peu étudié cette théologie capitale des débuts du christianisme, mais pourquoi ne pas parler explicitement d'une des causes probables de cette lacune, à savoir, le passage de Tertullien à l'hérésie montaniste en 213, ce qui a durci sa morale, et en créant sa propre Église qui durera 200 ans. Or, dès 204, on sent dans son oeuvre l'influence du montanisme qui rejetait l'Église hiérarchique et le sacerdoce pour ne dépendre que du Saint-Esprit. Ceci n'a probablement pas influencé sa christologie, mais a jeté un certain doute sur l'orthodoxie de sa pensée et découragé pas mal de théologiens. - B.C.