Le christianisme en refondation, préf. J. Moingt
Yves LedureTheology - reviewer : Paul Detienne s.j.
L'histoire conduit l'homme à sa réalisation ultime en Dieu; l'ultime divin ne supprime pas la dynamique vitale. Le religieux et l'eschatologique sont une modalité du devenir de l'homme; le transcendant n'empêche pas l'homme d'être lui-même, mais donne à l'historicité sa cohérence: il faut à l'histoire la tension eschatologique pour développer ce qu'elle projette. Le christianisme ne part pas d'une certaine idée de Dieu; il commence dans le parcours historique de Jésus de Nazareth. Là où la philosophie grecque parle d'immortalité de l'âme, le christianisme parle de résurrection, témoignage de l'efficacité de Dieu dans le parcours humain… non pas une idéologie, mais la phénoménologie d'un devenir anthropologique ouvert à Dieu.
À noter par ailleurs que la messianité christique n'est pas en continuité avec la thématique judaïque, dont l'expérience religieuse révèle un monothéisme sans universel, un Dieu, nous dit l'A., en qui rien n'est accessible à l'homme. Il invite le christianisme, aujourd'hui dogmatiquement et institutionnellement durci, à se dégager de la vision patriarcale d'un Dieu tout-puissant, dans l'ambiguïté de sa solitude radicale: l'ombre de la première figure pèse toujours sur la civilisation chrétienne, façonnée par une survalorisation de l'obligation morale qui s'enracine dans l'absolutisation de la foi. - P. Detienne, S.J.