Ce livre, issu d'une thèse soutenue à l'Univ. de Strasbourg, offre
non seulement un panorama complet de l'histoire mouvementée des
rapports entre le christianisme et la crémation, mais aussi des
comparaisons précises et documentées avec d'autres croyances. Il
tente surtout de cerner les aspects sociaux, anthropologiques et
dogmatiques de la question. Il y est question, entre autres, de la
Rome antique, de l'eschatologie juive, du paganisme slave, du point
de vue des francs-maçons. Depuis quelques décennies, cette mode
funéraire tend à revenir en vogue, au point de rivaliser avec le
rite concurrent, traditionnel, de l'inhumation. La crémation fut en
effet introduite en Europe dans la seconde moitié du xixe s. et
aussitôt condamnée par l'Église catholique, en 1886. Depuis la
levée de cette interdiction par le pape en 1963, elle tente de
trouver une place dans la liturgie des funérailles à côté de
l'inhumation. L'enjeu, à la fois dogmatique, anthropologique et
émotionnel du débat, au-delà des questions d'hygiène, de
préservation de l'environnement urbain, gravite autour du sens du
corps et du lien entre mémoire, intégrité du corps et avenir de la
personne. Est-il pertinent de parler de l'incompatibilité
primordiale entre la religion chrétienne et la coutume de brûler
les morts? Peut-on soutenir sérieusement que l'espérance de la
«résurrection de la chair» serait irréconciliable avec la
crémation? L'auteur, docteur en théologie et spécialiste d'histoire
comparée des religions, examine tour à tour ces questions. - S.
Decloux sj