Datés du 10e ou du 11e siècle environ, attribués au mythique
Nârada, 84 aphorismes ou sentences proposent un enseignement
désormais classique sur l'amour (bhakti) de la Divinité conçue
comme personnelle, selon la tradition dévotionnelle et émotionnelle
qui se développa dans l'hindouisme à partir de la Bhagavad-Gîtâ et
du Bhâgavata-Purâna. Dans la perspective propre à cette nouvelle
collection (voir NRT 130 [2008], 430-431), l'auteur chrétien
propose le texte hindou comme un catalyseur. Pour chacun des 84
sûtras, le livre offre une traduction anglaise, suivie d'un premier
commentaire exposant la signification du verset selon la tradition
hindoue de la bhakti; vient ensuite «a Catholic Reflection»: ce
second commentaire explore, à l'intention de chrétiens, les
possibilités - parfois oubliées ou négligées - d'élargir et de
comprendre leur expérience de l'amour de Dieu et pour Dieu (181).
Cette exploration inclut le plus souvent, extraites de la Bible ou
de la tradition théologique et spirituelle chrétienne, des
citations destinées à mettre en relief les «homologies» entre
bhakti et caritas, tout en précisant ce qui les distingue. Parmi
les figures (reprises dans un index) davantage mises à
contribution, signalons, du côté chrétien: Augustin, Bernard,
Claire et François d'Assise, Thomas d'Aquin, Jean de la Croix,
Teilhard de Chardin, H.U. von Balthasar…
Dans une brève introduction, l'A. s'adresse deux objections.
Méthode anhistorique? il s'agit plutôt de parier sur l'unité et la
continuité de la tradition catholique. Méthode subjective?
pourrait-il en être autrement lorsqu'il est question de
l'expérience de l'amour? Tant la tradition hindoue de bhakti que la
tradition chrétienne enseignent toutefois que l'on peut et que l'on
doit en parler. Inévitablement, chaque lecteur trouvera plus ou
moins heureux tel parallèle, plus ou moins convaincant tel
rapprochement. L'ensemble manifeste cependant la richesse des deux
traditions et le bénéfice à tirer de leur mise en regard. Reste à
se demander quels «bhakti sûtras» chrétiens se prêteront quelque
jour à une lecture hindoue. - Corr.: «Louis Lallemant» (et non
«Lallemont») ainsi probablement que les dates: 1588-1635 (1660-1748
sont celles de Jacques-Philippe Lallemant). - J. Scheuer