Le Cerf poursuit la publication des oeuvres complètes du Père de
Lubac. Comme il l'explique dans l'avertissement, le regretté Père
Chantraine a eu la bonne idée de suivre le projet de l'auteur, en
réunissant deux oeuvres majeures: Paradoxes et mystère de l'Église
et l'Église dans la crise actuelle ainsi que de nombreux articles.
Cette conjonction qui aurait pu paraître arbitraire est en fait
fort judicieuse: elle permet de rejoindre la largeur de vue que le
P. de Lubac avait sur le Concile et sur l'Église en général.Outre
les analyses structurées sur le mystère et la situation de
l'Église, offertes par les deux oeuvres majeures publiées ici, ce
Tome ix nous fait percevoir le regard que le jésuite porte sur
l'Église à travers des personnes: Thurian, Paul VI, Balthasar,
Daniélou, Wojtila. Chacune est témoin à travers sa vie, son travail
et son engagement ecclésial de la vitalité de l'Épouse du Christ.
Le Concile n'est pas un évènement isolé. Il surgit dans une
histoire dont le P. de Lubac est témoin et acteur. Les textes, tels
qu'ils sont rassemblés ici, obligent le lecteur à lire le Concile
en perspective.Ainsi que comme le souligne D. Doyle dans sa
présentation riche et pénétrante, le P. de Lubac, comme de nombreux
autres acteurs du Concile, a pu être vu, avant, comme progressiste
puis, après, comme conservateur. Il n'en est rien. Le théologien
jésuite était profondément enraciné dans la tradition vivante qui
implique conservare et renovare. À l'heure où l'on fête le 50e
anniversaire du Concile Vatican II, alors que les débats à son
sujet sur une herméneutique de la réforme ou de la continuité sont
exacerbés, il sera bon de relire ces lignes du Maître de
Fourvière.Qu'il nous soit permis aussi ici de rendre hommage au
Père Chantraine, sj, de l'immense travail qu'il a fourni et du
service rendu non seulement aux théologiens, mais aux chrétiens
désireux de découvrir ce géant qu'est le P. de Lubac. - G. de
Longcamp csj