La pensée de Pierre Teilhard de Chardin connaît un regain
d'intérêt. L'A., à la suite de plusieurs articles consacrés à
Teilhard, publie ici une introd. claire, synthétique et utile pour
toute personne désirant s'initier aux grandes intuitions du penseur
d'un « monde en genèse ». Ayant situé Teilhard dans son
double enracinement scientifique et théologique, l'A. propose des
aperçus sur plusieurs foyers de sa pensée. Le cosmos y est perçu
comme une totalité organique animée par un dynamisme à la fois
unifiant et créateur de nouvelles possibilités d'êtres :
l'évolution est orientée vers une plus grande complexité et
l'humain en est la plus haute manifestation, dans cette
collectivité qu'est la « noosphère ». Un tel processus ne
va pas sans crises : replis individualistes, systèmes
totalitaires ; il nécessite une action de la liberté humaine,
plus précisément une dialectique entre activité et passivité.
L'Incarnation, le « Christ cosmique » - envisagé
comme le Ressuscité - permet de penser comment Dieu opère de
l'intérieur du cosmos cette dynamique unifiante. « Le Christ a
un corps cosmique répandu dans l'univers tout
entier. » Il en ressort l'exigence d'une présentation
renouvelée de la foi chrétienne. La question du mal et de la
souffrance est abordée par l'A., citant Lubac pour qui l'approche
de Teilhard est un « pessimisme surmonté », au risque
d'une certaine rationalisation.
Sans éluder les ambiguïtés de la pensée de Teilhard et ses limites
épistémologiques, parfois même en la complétant, l'A. y trouve en
tout cas une « réserve inépuisable d'intuitions » pour
affronter les défis actuels, notamment le transhumanisme et
l'écologie. L'enthousiasme de l'ouvrage pour une telle théologie
d'espérance parviendra-t-il à dissiper pleinement les doutes face à
ses écueils ? - M. Bernard