Psicodinámica de los Ejercicios ignacianos
C. Domínguez Morano s.j.Spiritualiy - reviewer : Bruno Clarot s.j.
Après cette dense introduction de 20 p., l'A., psychologue clinicien, étudie d'abord les «Annotations», en distinguant celles qui concernent la méthode des Exercices, ou le seul accompagnateur, ou le retraitant, avec quelques remarques sur les «Additions». Puis vient la «Première semaine» qui mobilise les sentiments de culpabilité et la conscience du péché, car la faute joue un rôle important dans les Exercices. La culpabilité et les fréquents examens de conscience peuvent avoir des effets catastrophiques qui affaiblissent ou même détruisent le processus spirituel. Ceci oblige à analyser ces risques et le rôle de la Première semaine dans les Exercices. Dans la «Deuxième semaine», l'A. examine le rôle du désir et du monde affectif du retraitant, ses difficultés et ses résistances qui peuvent freiner son évolution. Ici le «discernement des esprits» est probablement la contribution la plus importante d'Ignace à la spiritualité. Les «Trois degrés d'humilité» apportent les dispositions nécessaires pour l'objectif central des Exercices qu'est «l'élection». L'A. dit un mot des difficultés de nos contemporains devant le compromis inévitable que comporte toute élection. La quatrième partie, «Aimer et servir en tout», examine l'articulation nécessaire mais difficile entre sentiments et actes, contemplation et action, mystique et compromis. Enfin l'A. étudie le processus global des Exercices: la façon dont Ignace mobilise les sentiments, l'expérience unitive, amoureuse et mystique pour amener au don de soi et à une réponse amoureuse traduite en service.
En épilogue, Domínguez rapporte textuellement une passionnante conversation d'une heure avec celui qui a inspiré une bonne partie de cet exposé, le P. Ad. Chércoles sj, apôtre des gitans et incapable d'écrire des articles ou des livres. Ce Père ne mâche pas ses mots et donne ses idées-forces dont voici quelques spécimens. Sans transfert, le psychanalyste ne peut aboutir à rien; Ignace pense de même pour l'absence complète de «motions» chez le retraitant, mais, s'il y en a, elles doivent être discernées pour voir si elles sont bonnes ou mauvaises. Les Exercices ne sont pas une thérapie, mais peuvent avoir des effets thérapeutiques. On a faussé la méthode des Exercices en les donnant à des groupes, alors qu'ils doivent être personnalisés, avec une attention extrême aux motions des retraitants. Le discernement des motions est essentiel surtout avant l'élection; or 90¬% des textes publiés sur le discernement ne traitent que de l'élection! Ne parlons pas de «discernement» communautaire. Il est génial que les Exercices donnent une grande inportance à la sensibilité (pas aux sentiments), surtout dans «l'application des sens» et dans les «répétitions» que l'on néglige à la légère; sans les «répétitions», impossible de «sentir et goûter» et toute la retraite risque de demeurer dans les idées. Aujourd'hui on trahit les Exercices en prétendant les adapter à toutes les sauces, même en changeant leur contenu. Certes la formulation de certains textes peut être dépassée, mais pas la méthode, la dynamique. Dans les Règles pour sentir «en» Église (et pas «avec» l'Église: cf. texte espagnol), Ignace demande compréhension, modestie, estime respectueuse, car ce ne sont pas des «règles d'orthodoxie»! Etc.
Cet ouvrage remarquable intéressera tous ceux qui donnent des retraites et ouvrira les yeux à plus d'un sur la méthode ignatienne véritable. Espérons qu'il sera bientôt traduit. - B. Clarot, S.J.