Bien que les tentatives soient assez nombreuses (voir encore récemment, Join-Lambert A. (éd.), Le rire et les religions. Un couple explosif, 2011 ; Sintobin N., Moquez-vous des jésuites… Humour et spiritualité, 2016), il n’est pas si facile d’écrire sur le rire dans les religions. L’ouvrage de M. Lienhard le confirme. Se composant de six sections (I. AT, NT et Apocryphes chrétiens ; II. Église ancienne et médiévale ; III. La Réforme ; IV. Les catholiques ; V. Les protestants ; VI. Les juifs et les musulmans) et de vingt chap., l’A. est finalement obligé de ratisser assez large pour trouver matière à disserter sur cette réalité polymorphe et insaisissable : le rire dans l’AT, l’humour dans le NT, le sourire dans les Apocryphes, l’ironie des apôtres ou des prédicateurs, la fête dans l’Église ancienne, les fous en Christ, l’autodérision de Luther ou d’Albert Schweitzer, le rire moqueur de Dieu ou contre Dieu, la joie de François de Sales, etc. Si chacun connaît l’une ou l’autre histoire drôle de sacristie, les seuls qui, dans ce vaste panorama, tirent vraiment leur épingle du jeu et qui ont construit une véritable tradition sont – comme on s’en doute – les juifs. Quoi qu’il en soit, ce dossier fournira bon nombre de renseignements utiles et méconnus. Et si, au terme de sa lecture, les religions apparaissent comme une affaire trop sérieuse, il reste toujours la possibilité salutaire, pour les fidèles, d’apprendre à se moquer gentiment d’eux-mêmes et de leur institution. « Seigneur, donne-moi l’humour, concède-moi la grâce de comprendre la plaisanterie, pour que je tire quelque bonheur de cette vie et que j’en fasse profiter les autres. Ainsi soit-il » (fin d’une prière de Thomas More que le pape François récite tous les jours). — D. Luciani