Fondée aux alentours de 1860, période de résistance à l'annexion
britannique, la congrégation Shwegyin forme un rameau de l'ordre
monastique bouddhique de Birmanie (aujourd'hui Myanmar), le second
par le nombre d'implantations et de moines. Elle se caractérise par
la rigueur en matière de discipline et de doctrine ainsi que par
l'accent mis sur l'étude et l'enseignement. Cette enquête de
caractère sociologique analyse la formation et le fonctionnement
systémique de cette tradition particulière en termes de tension
entre ruptures et continuités. Quatre chapitres font apparaître
cette tension dans autant de domaines: les historiographies et
biographies monastiques; la structuration de l'autorité et la
défense de l'identité du groupe ainsi que de son autonomie à
l'égard des laïcs et en particulier des pouvoirs politiques; le
rituel de l'ordination (entrée dans l'ordre monastique); un choix
de sermons sur un point de doctrine (Abhidhamma). Ces différents
registres manifestent la volonté collective de pérenniser la
tradition du Bouddha comme enseignement et pratique de libération
et d'éveil. De manière suggestive, l'A. montre que les continuités
et ruptures mises en évidence se détachent plus fondamentalement
sur les rapports de continuité et de rupture qu'entretiennent le
monde du devenir (samsâra), marqué par l'attachement passionné et
l'illusion, et le domaine de la délivrance apaisée (nirvâna). Cette
enquête se veut d'abord régionale, ainsi que l'illustrent de
nombreuses citations où le texte birman précède la traduction
anglaise. Les pages de conclusion esquissent des parallèles et des
spécificités par rapport au bouddhisme Theravâda des pays voisins:
Sri Lanka, Thaïlande… - J. Scheuer sj