Il faut le reconnaître : sans les éditions « Parole et Silence » (voir NRT 131, 2009, p. 433 ; 132, 2010, p. 520 ; 134, 2012, p. 647-650), la personne et l’œuvre de Pierre Lenhardt ne seraient connues que de milieux confidentiels. Ce religieux de la congrégation Notre-Dame de Sion (1927-2019) a consacré sa vie à l’écoute d’Israël et de sa tradition ou, pour le dire plus précisément avec ses propres mots, à l’écoute de « la Parole de Dieu qui parle à travers la Tradition d’Israël ». Disciple de maîtres juifs (Nissim Gabay, David Berdah, etc.) et élève d’Ephraïm Urbach, il fut l’un des premiers chrétiens – si ce n’est le premier –à s’inscrire dans le département de Talmud de l’Université hébraïque de Jérusalem et à en ressortir diplômé (1976). Polyglotte, musicien, il a surtout transmis, depuis le milieu des années 70 et dans de multiples lieux et institutions, son amour et sa connaissance approfondie de la Torah d’Israël. Il a aussi tout entrepris, malgré beaucoup de déconvenues, pour défendre « la cause des études juives » à l’intérieur de l’Église (voir notamment l’histoire mouvementée et la fin pitoyable de l’Institut Saint-Pierre de Sion – Ratisbonne). C’est à la fois cette vie chrétienne, riche en rencontres et en fidélités (« Bio-étapes », p. 19-89) et son itinéraire intellectuel (« Bio-thèmes », p. 91-128) que Pierre Lenhardt – avec la pudeur qu’on lui connaît – nous livre dans la première partie de cet ouvrage posthume. La seconde partie reprend six articles significatifs parus dans les Cahiers Ratisbonne (1996) et dans la revue Sens (entre 2003 et 2018). Que sa mémoire soit une source de bénédiction et que son héritage continue de nous inspirer. — D. L.
