Agapè. Sources et interprétation de la charité. Étude interdisciplinaire, éd. B.-M. Duffé
Col.Théologie - Recenseur : Léon Renwart s.j.
L'étude de Donna Singles est la contribution la plus originale et sans doute la plus discutable de cet ensemble. Sa suggestion de situer l'enracinement théologique du commandement de l'amour dans la perspective de la création inachevée de l'homme rejoint l'une des intuitions les plus riches de Vatican II (LG 2). Malheureusement, elle donne la préférence presque exclusive à une approche inductive basée sur les critères de vérification familiers aux chercheurs actuels: critères de cohérence, de pertinence, de praxis: «relevant de la raison pratique, l'induction se vérifie à partir de critères propres à la vie pratique» (p. 126). Elle reconnaît que «les résultats qu'elle obtient sont considérés comme étant toujours provisoires» (ibid.). Certes, elle note: «Il est aussi un a priori en dehors duquel la proposition de la charité n'a ni intérêt ni pertinence pour l'intelligence de la foi chrétienne: Dieu est» (p.139).
Que n'a-t-elle développé cette affirmation fondamentale, qui aurait donné à ses intéressantes recherches un point de départ solide et un critère pour y discerner les acquis valables et les questions mal posées? Selon la «preuve» philosophique établie par Joseph Maréchal, S.J. († 1944), l'analyse de l'acte de jugement fait découvrir que l'Absolu est à l'oeuvre dans cette activité essentielle de l'être humain et s'y révèle à la fois comme condition indispensable de cet acte et comme dépassant tout concept. Seul un langage analogique permet de le viser plus ou moins correctement. Utilisé avec la conscience de ses limites, un système métaphysique fournit à la méthode inductive le point d'appui solide pour sa recherche. et lui évite de s'égarer dans de faux problèmes. - L. Renwart, S.J.