Ces deux volumes, qui n'en font qu'un, nous offrent une traduction
anglaise d'un Commentaire de Cyrille d'Alexandrie consacré aux
«petits prophètes»: Osée, Joël (1); Amos, Abdias, Jonas, Michée,
Nahum, Habaquq (2). Leur ton dépourvu d'animosité suggère une date
de composition antérieure à 428, année de l'accession de Nestorius
au siège de Constantinople. Débiteur éclectique de ses
prédécesseurs (Didymus, Jérôme, Théodore de Mopueste), Cyrille
inspirera lui-même son jeune contemporain Théodoret. Ignorant le
latin et l'hébreu, mais bien à l'aise dans la culture grecque, il
se montre pauvre en histoire et en géographie: il emploie
indistinctement les appellations Israël et Juda; dans Jonas, il
considère Ninive comme une ville des Perses alors que, dans Nahum,
il en fait la ville principale des Assyriens. Après avoir déclaré
que le discours des prophètes est généralement obscur, il ne se
prive pas d'improviser une explication, quitte à la moduler d'un «à
mon avis» tolérant d'autres points de vue. Sa verbosité est
légendaire. Il favorise une approche historique, plus généralement
associée à l'École d'Antioche: c'est ainsi qu'il accepte la
factualité du mariage d'Osée et de Gomer… mais non celle de
l'invasion de sauterelles chez Joël. Cette première approche
introduit à une interprétation spirituelle (christologique,
ecclésiologique, morale sans être moralisante), icône - ou ombre -
de la réalité: toute grande figure biblique est un 'type' du
Christ. Cyrille ne cherche pas à exposer des doctrines
théologiques, bien qu'il mette en garde contre les faux prophètes.
Il montre un certain intérêt pour le symbolisme des nombres et pour
les étymologies. Ses références bibliques sont souvent vagues:
«quelque part…», mais lorsqu'il nomme un auteur, il se trompe
rarement. Il ne reconnaît pas les passages apocalyptiques: dans
Joël, il entrevoit, dans le «jour du Seigneur», une réalisation
proche. Le traducteur, récemment décédé, de l'université catholique
d'Australie, a été honoré par Jean-Paul II pour ses nombreuses
traductions de commentaires de l'AT. - P. Detienne sj