L'A., qui a dirigé la revue Recherches de science
religieuse de 1968 à 1997, reproduit ici une première série
d'articles (conférences, recensions, témoignages, préfaces) qu'il a
consacrés à une dizaine de «théologiens» du xxe s. Son intérêt
s'étend de M. Blondel (né en 1861), philosophe du christianisme,
accepté de plein droit en théologie, au dominicain docker J. Loew
(décédé en 1999), dont l'A. expose la nuit de la foi. Deux
luthériens allemands ont retenu son attention: le prof. E.
Troeltsch (1865-1923), auquel il pose la question: science des
religions ou théologie?, et le pasteur D. Bonhoeffer (1906-1945)
qui, prônant le retrait de la religion, invite le chrétien à parler
à Dieu dans un langage non religieux. Sous le titre La foi et
la vertu, l'A. présente alors un troisième théologien
protestant, A. Dumas (19181996): «la foi n'est pas seulement de
l'ordre du surnaturel, elle appelle aussi l'homme à se convertir à
de l'humain.» Plus de cent pages sont consacrées à M. de Certeau
(19251986), cas exemplaire de l'entrecroisement des deux chocs de
Vatican II et de mai 68: l'ailleurs de la théologie; une théologie
de l'exil; l'histoire comme théologie… L'A. aborde ensuite deux
amis de M. de Certeau, que lui-même a côtoyés de près: H. de
Lavalette (1925-1985) au sujet duquel il évoque Un avenir pour
la théologie: du fondamental au pratique; de l'éthique au
politique; et Kowalski (1931-1990), pour qui la théologie
n'est pas uniquement un art de dire et de penser mais un art de
faire et de faire faire, de chercher et d'écrire. Épinglons la
présentation des Carnets du Concile de de Lubac
(1896-1991): contacts et fréquentations; débats et positions;
contradictions et angoisses. Et terminons par M. Légaut
(1900-1990), ce «témoin de l'avenir», qui souffrait de voir
l'Église plus préoccupée de survivre que de sauver le monde de la
déshumanisation où l'entraînait le matérialisme. - P. Detienne sj