De nombreux collaborateurs ont oeuvré à l'édition en un seul volume
de ces deux traités qui s'inscrivent dans la publication, avec
traduction française, des OEuvres complètes de saint
Bernard. Le texte original est repris de l'édition critique
des Sancti Bernardi Opera parus en 8 tomes, à Rome, de
1957 à 1977, avec les amendements qui y ont été ultérieurement
apportés. Le De Praecepto a été rédigé par saint Bernard à
la demande de deux moines bénédictins de Chartres, ou peut-être,
selon l'hypothèse de dom Jacques Dubois, d'un petit prieuré du pays
chartrain. Il s'agit d'un traité, écrit sous forme de lettre,
antérieurement à juin 1142. Reléguer cet ouvrage en position
marginale parmi les écrits bernardins, comme relevant du droit
canon et donc comme étrangers à la théologie et à la spiritualité
habituelles de l'Abbé de Clairvaux, serait méconnaître le sens du
droit qui animait les premiers cisterciens. Étienne Harding avait
en effet opéré, dans son idéal d'intégrité de la règle de saint
Benoît, la synthèse du droit et de la charité. Adam de Perseigne
devait, pour sa part, écrire que «l'amour est une loi qui lie et
oblige». C'est dans cet esprit que Bernard a composé ce traité, en
cohérence remarquable avec le reste de son oeuvre, et en
particulier avec le Traité de l'amour de Dieu. Rejetant tout
volontarisme juridique, l'Abbé de Clairvaux était attaché à la loi
de l'amour, selon laquelle doit se faire toute application concrète
des préceptes de la règle bénédictine et des pénitences
thérapeutiques qu'ils appellent en cas d'infraction. Yves de
Chartres et les fondateurs de Cîteaux sont les deux sources
principales de ce traité, tout entier composé dans la perspective
bernardine de la charité de Dieu.
Le second traité, qui nous est parvenu en différentes versions, a
peut-être eu pour origine un sermon prononcé par saint Bernard pour
la Toussaint, devant de nombreux auditeurs dont plusieurs devinrent
cisterciens. Prononcé peu de temps avant le violent conflit qui
opposa le saint à Abélard, et avant le synode de Sens, il pourrait
dater du 1er novembre 1139. Donner davantage de précisions sur le
développement qui transforma le sermon en un traité demeure
impossible. Le texte long, néanmoins, peut être assurément attribué
à saint Bernard, du moins pour l'essentiel. Le texte bref en serait
une «reportation», notes prises par des auditeurs à la mesure de
leur compréhension et de leur capacité de transcription. Le saint y
décrit le processus long et laborieux de la conversion à Dieu et il
en analyse dans le détail les différentes étapes. Il s'adresse à
des clercs qui ont déjà choisi le sacerdoce et non pas la vie
monastique. Bernard veut fermement leur rappeler qu'ils sont
engagés dans une forme de vie qui comporte bien des traits qui
relèvent de la vocation des moines, mais dont les exigences
s'originent tout simplement dans la vie de foi qui n'est autre
qu'un continuel «retournement» vers Dieu. - H. Jacobs, S.J.