En 1646, Gabrielle de Foix fonde par testament à Saint-Flour la
congrégation des veuves et des filles de Jésus et de Marie.
Celle-ci périclite. Le P. Médaille, s.j., essaie de lui redonner
vie en cette même ville. Après un nouvel échec, se réalise enfin au
Puy, non sans quelques péripéties, la fondation des soeurs de
Saint-Joseph, qui devient un institut religieux. L'ouvrage de
Marie- Louise Gondal, fruit de nombreuses recherches d'archives,
décrit la préhistoire de cette fondation, puis son organisation par
le P. Médaille, et esquisse enfin l'évolution de l'Institut et ses
adaptations successives au cours des siècles suivants face aux
défis successifs qu'il doit surmonter. Mené avec grand soin et une
compétence d'historienne et de théologienne, cet ouvrage fait
revivre la naissance et le développement d'une fondation
caractéristique de la vie religieuse au XVIIe siècle. Mais son
intérêt principal pour aujourd'hui nous semble résider dans la
Postface qui clôture le livre. L'A. y pose lucidement, sur la
lancée de sa recherche, la question de la survie de la vie
religieuse dans notre monde actuel. Ces pages nous paraissent
mériter une lecture attentive par ceux et celles qui se posent
cette question. On peut résumer la «substantifique moelle»
(Rabelais) de sa réponse dans la parabole du levain, par laquelle
Vatican II a décrit la place qui revient à l'Église (et, en elle, à
la vie religieuse) dans le monde d'aujourd'hui. Celle-ci se définit
en trois points. Le levain, c'est le charisme: estil encore vivant,
capable, une fois débarrassé des revêtements périmés, d'être un
ferment évangélique pour aujourd'hui? La pâte, Vatican II nous l'a
rappelé, c'est le monde, tout entier appelé à partager dans le
Verbe incarné l'amour de Dieu; c'est le monde tel qu'il est, avec
toutes ses valeurs, mais aussi avec toutes ses misères (pauvreté,
guerres, injustices de toutes sortes). Pour que lève le pain, il
faut que le levain se mêle à la pâte sans perdre son efficacité.
L'Institut et ses membres sont-ils prêts à tourner le dos au regret
stérile du « bon vieux temps», à dépasser le stade des beaux
projets qui restent lettre morte et mettre courageusement la main à
la pâte, toute gluante qu'elle soit? Tout est là, telle est la
collaboration que Dieu attend: des Instituts qui refusent de mourir
ou de végéter et souhaitent s'épanouir pour le plus grand bien de
tous. - L. Renwart, S.J.