Plénitude du mystère, plénitude du Christ. L’ecclésiologie mystérique de Louis Bouyer

Ludvik Grundman
Théologie - Recenseur : Gonzague de Longcamp c.s.j.

Cet ouvrage est le fruit d’une ambitieuse thèse soutenue à l’Institut Saint-Thomas d’Aquin à Toulouse sous la direction de François Daguet. Ambitieuse d’abord par l’étendue du corpus étudié, tant Louis Bouyer a été un ecclésiologue prolixe. Ambitieuse aussi parce qu’elle cherche vraiment à analyser le cœur de la théologie de l’Église de l’oratorien, à savoir la notion de mystère.

Et l’on peut dire sans conteste que l’A., dominicain de la Province de Bohême, est parvenu à ses fins. Le chap. 4 de sa thèse, intitulé « l’Église dans le mystère » est particulièrement instructif. Il y montre avec pertinence comment l’ecclésiologie de Bouyer est une théologie « ascendante » et comment la notion de mystère lui permet de faire le lien entre l’Église locale rassemblée en un lieu pour célébrer le mystère et la finalité de l’Église qui est la plénitude du Christ. Le parallèle que l’A. établit entre ces deux notions lui permet de toucher au cœur de l’ecclésiologie de Bouyer et l’on peut regretter que cet apport n’ait pas été mieux exploité dans l’ecclésiologie post-conciliaire.

Même s’il analyse le corpus de son auteur avec grande finesse, le jeune docteur dominicain n’en garde pas moins un recul qui lui permet d’en manifester les excès, les excès théologiques étant, sans doute, liés à ceux de la personnalité « jusqu’au-boutiste » de Bouyer.

Malheureusement, outre la pertinence du cœur du travail (dans les chap. 3 et 4), l’ensemble de la thèse peine à convaincre. Tout d’abord, elle est assez brève (320 p.), ce qui est un avantage, mais qui, vu l’étendue du corpus étudié, oblige l’A. à aller très vite dans ses analyses et ses affirmations. Le lecteur y est très peu guidé dans le foisonnement du théologien oratorien. On aurait aimé que les analyses soient plus patientes et la présentation du corpus plus structurée. Par ailleurs, la 3e partie du travail n’est pas réellement convaincante. Elle cherche à analyser l’influence de Bouyer sur Vatican ii et l’A. reconnaît lui-même que les résultats sont maigres. Enfin, ayant soutenu cette thèse à l’ISTA, l’A. cherche à faire dialoguer Bouyer avec Thomas et l’école thomiste. L’essai aurait pu être fructueux, surtout en ce qui concerne le parallèle entre le théologien oratorien et le dominicain Le Guillou, mais, là encore, les choses sont dites trop brièvement et paraissent, ce faisant, trop infondées. C’est dommage, car l’idée était intéressante.

Un ouvrage plein de mérites, malheureusement un peu rapide, mais qui reste intéressant dans le cœur de son propos. — G. L.

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