Sur la proposition de la foi, éd. H.-J. Gagey & D. Villepelet
Col.Théologie - Recenseur : Léon Renwart s.j.
Geneviève Médevielle examine le défi que présente aujourd'hui l'enseignement de la morale, les conditions nouvelles de la moralité et l'objectif à viser: instituer une vie éthique dans la suite du Christ, introduire au discernement, instaurer le sujet et s'équiper d'un discours sain face au mal moral. E. Lafont invite à redécouvrir la théologie de la mission à l'heure des échanges interreligieux, qu'il faut pratiquer au jour le jour, à la suite de Vatican II, et des déplacements que l'ouverture au dialogue a déjà opérés, de telle sorte que la missiologie redevienne l'axe central de notre théologie occidentale (sans prosélytisme!). Fr. Bousquet tire les conclusions et montre le sérieux de la proposition de la foi, le point de départ de cette attitude et les tâches les plus urgentes pour la théologie.
Développant les thèmes d'une Lettre remarquable et remarquée, ces pages modestes et courageuses ont de nombreux mérites. Le premier et non le moindre est d'amener à prendre conscience de la situation réelle du christianisme dans nos régions. On reconnaît loyalement qu'un rapport nouveau s'est introduit entre l'Église et un monde devenu pluriel, dans lequel nous vivons en fait. Il faut dépasser un «intransigeantisme» au profit d'un «intégralisme» qui propose, sans l'imposer, toute la vérité. On le fera par le moyen du témoignage qui écarte le danger du «relativisme», car ce «relationisme» engage le sujet par l'obligation de justifier la vérité qui est la sienne et de «faire» la vérité commune avec d'autres par l'échange des témoignages. Relevons encore la mise en valeur avec le Concile d'une théologie de la création et de l'incarnation et de celle du rôle de l'Esprit, qui travaille au coeur de chaque humain depuis la nuit des temps (p. 83), la place de la liturgie dans une pastorale de la proposition, qui, au lieu de les imposer, propose des gestes qui rendent presque sensible le salut que Dieu nous offre (p.111).
Intéressante aussi est la suggestion d'introduire au discernement moral à partir de cas concrets et de leur complexité, ce qui apprend à chacun à se poser la question «qui dois-je être?» Le chapitre sur la théologie de la mission à l'heure du dialogue interreligieux (p. 140) mérite une mention spéciale: l'exposé est clair, solide et nuancé dans un domaine actuellement brûlant. Il rappelle que «si le Christ est la Vérité, nous n'en sommes pas propriétaires et nous ne cessons d'avoir besoin de l'Esprit pour y venir» (p. 150). On trouve en plusieurs endroits (notamment aux pp. 164-165) d'excellentes réflexions sur l'indispensable dialogue «sans nous étonner que l'Esprit lui-même soit à l'oeuvre dans l'autre qui nous questionne». Notons enfin que «le péché originel du théologien pourrait être de se mettre à parler de Dieu au lieu de servir humblement sa Parole, qui nous juge les premiers» (p. 166).
«Le dialogue auquel nous sommes invités… n'est pas souhaité également par tous» (p. 157). Ceci nous paraît le pressentiment de ce qui guette ceux qui s'y engageront. Lorsqu'on se met en route, on court le risque de trébucher. C'est hélas ce qu'attendent, l'histoire le montre, ceux qui, solidement appuyés sur leurs certitudes (en «un repli sous carapace», p. 166), ne trébuchent jamais, parce qu'ils ne bougent pas non plus. Ils en profitent pour essayer d'abattre ceux qu'ils auraient dû aider à se relever. Un regret en terminant: les notes ont été renvoyées à la fin de chaque chapitre, ce qui rend particulièrement laborieuse leur consultation, pourtant bien utile. - L. Renwart, S.J.