Comment célébrer le centenaire de la naissance de Thomas Merton
(1915-1968) sinon en ravivant, si besoin était, cette figure
exceptionnelle de converti, d'écrivain spirituel ? Ce moine
bénédictin a marqué son époque et nous a « orientés »
(après Le Saux, Monchanin et d'autres) vers la tradition de la
spiritualité asiatique du zen sino-japonais, de la sagesse taoïste
et du bouddhisme tibétain, avant que ces « voies »
ne deviennent à la mode. La Nuit privée
d'étoiles (The Seven Storey mountain, 1948)
inaugurait la publication d'une quarantaine de livres (en trad.
fr.) de spiritualité monastique et séculière, et de méditations.
Ces chemins d'oraison ont été engagés pour « féconder les
valeurs humanistes de l'Occident contemporain ». Le dialogue
avec les « voies » d'Orient où Merton fut très actif ne
fut pas sans susciter des « interrogations ». La
présentation du p. Jacques Scheuer s.j., lui-même
spécialiste des religions d'Asie et partageant régulièrement cette
expertise aux lecteurs de la NRT, apporte avec
sympathie les éléments nécessaires à l'examen de l'oeuvre
stimulante de ce contemplatif à la frontière « poreuse »
de deux mondes spirituels. Les textes posthumes de T. M.
(L'expérience intérieure : notes sur la
contemplation, Paris, Cerf, 2010) sont, à ce propos, d'un
grand intérêt. Mais comme l'écrivait M. lui-même, quelques
jours avant sa mort tragique à Bangkok, « le voyage ne fait
que commencer ». - J. Burton s.j.