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Bartimeo, un paradigma para el camino sinodal. Algunas enseñanzas de la primera Asamblea eclesial de América latina y del Caribe

Mauricio Lopez

El camino sinodal que sigue hoy la Iglesia nos hace encontrar la figura de Bartimeo como la muchedumbre que acompañaba a Jesús a Jericó. Tal es la transformación personal y comunitaria que atestigua el autor de estas líneas, secretario ejecutivo de la CEAMA que trabaja en la puesta en obra de las propuestas del Sínodo de la Amazonía. Testimonia en el marco del Simposio « The Road to a Synodal Church: Insights and Experiences » en el Campion Hall de Oxford (23-25 de marzo de 2022).

Je suis profondément reconnaissant de l’invitation qui m’a été faite de participer à cet important symposium intitulé « Le chemin vers une Église synodale : réflexions et expériences »1. Il me remplit d’espoir, tout d’abord en raison du sentiment de profonde amitié en mission avec nombre d’entre vous, ici présents, ensuite parce que son titre exprime déjà une intention et une expérience en cours.

L’intention de contribuer ensemble à rendre l’Église plus synodale est un objectif qui nous dépasse tous, qui transcende toute l’Église et qui jaillit du rêve du concile Vatican ii d’une Église qui soit davantage « Peuple de Dieu en chemin ». Il s’agit aussi d’une expérience continue parce que le fait de vous écouter m’a rempli d’espoir, sachant que, malgré les obstacles, les craintes et les oppositions, nous continuons à marcher et à faire des pas, certes petits mais fermes, en ayant conscience que nous sommes acteurs et sujets de cette conversion ecclésiale, en reconnaissant que le plus important est le parcours synodal en soi, et non l’événement, les documents ou les activités pour elles-mêmes.

On m’a demandé de partager mon expérience personnelle dans le parcours synodal de l’Amérique latine de ces dernières années. Il s’agit d’une expérience limitée et qui connaît des fragilités, mais, d’autre part, qui témoigne d’une vraie parrêsia, c’est-à-dire de courage pour chercher avec ténacité de nouveaux chemins, plus synodaux, pour l’Église du temps présent. Il n’y a pas d’autre voie, la voie synodale est la voie nécessaire aujourd’hui pour la suite de Jésus.

Mes réflexions vous présentent quelques « motions » ressenties lors des deux événements récents du Synode spécial de l’Église universelle sur la région amazonienne, qui a commencé en 2017, a eu sa phase d’Assemblée à Rome en 2019, et est toujours en cours ; et de la première Assemblée ecclésiale d’Amérique latine et des Caraïbes qui a commencé en janvier 2021, a eu sa phase plénière en novembre de la même année, et est toujours en plein mouvement en lien avec le Synode sur la synodalité dans l’Église universelle. En d’autres termes, il s’agit de processus inachevés, limités, mais remplis d’enseignements en tant qu’expériences de discernement en commun, et manifestant les options justes pour écouter le peuple de Dieu.

Je veux commencer par une prière qui passe presque inaperçue dans le motu proprio – malheureusement peu connu lui aussi – Episcopalis Communio du pape François. Ce document est bien plus qu’un texte sur la structure : il révèle l’aspiration du pape à une Église vraiment synodale. Cette prière, qui s’inspire de l’expérience du Synode sur la famille, est la meilleure synthèse que je connaisse du voyage synodal que nous faisons ensemble comme une seule Église :

Nous demandons, tout d’abord, à l’Esprit Saint, le don de l’écoute pour les Pères synodaux : écoute de Dieu, jusqu’à entendre avec Lui le cri du Peuple ; écoute du Peuple, jusqu’à y respirer la volonté à laquelle Dieu nous appelle2.

Dans cette prière, je découvre trois principes fondamentaux que nous avons découverts et expérimentés dans les récentes expériences synodales d’Amérique latine :

  1. L’écoute est un don, une grâce. C’est une chose que nous devons demander au Seigneur, et cela exige une attitude de prière qui nous fasse désirer ce que Dieu lui-même nous l’accorde. Ce n’est pas seulement une capacité particulière ou un outil auquel on peut se former, c’est avant tout une grâce. Entrer dans une expérience d’écoute authentique implique d’enlever ses sandales devant le sol sacré de la rencontre avec l’autre.

  2. L’écoute n’est pas un exercice individuel ou autonome. C’est un processus qui consiste à reconnaître Dieu comme le centre, et à savoir que nous sommes ses collaborateurs dans cette expérience. C’est seulement avec Lui que nous pouvons vraiment écouter le cri du peuple : celui-ci est la priorité, jamais notre propre voix ou nos propres idées autoréférentielles. L’Esprit Saint jaillit de la voix du peuple.

  3. Ce n’est qu’en écoutant le peuple que nous pourrons murmurer en lui la voix de Dieu. Ce sensus fidei cesse d’être un concept théologique, parfois déconnecté de la vie réelle des gens, et prend un visage concret qui est Jésus lui-même. Ce n’est qu’en sortant de nos espaces fermés et assurés que nous pourrons rencontrer le peuple de Dieu qui crie, qui attend et qui a beaucoup à dire, car il exprime le désir même de Dieu pour son Église.

Je veux aussi partager quelques clés que nous avons tirées du processus synodal latino-américain. Pour ce faire, j’utiliserai une image certainement improbable, mais absolument nécessaire : celle de l’aveugle Bartimée (Mc 10,46-52. Voir aussi Mt 20,29-34 et Lc 18,35-43).

Il semble difficile d’imaginer un aveugle assis immobile sur le bord de la route comme guide pour un quelconque voyage. En fait, il semble que parfois dans notre Église nous marchons dans l’ombre, avec une cécité structurelle. Pourtant, il s’agit d’un aveugle sauvé, un aveugle qui parvient à voir avec des yeux neufs comment Dieu fait toutes choses nouvelles. Le chemin de la rédemption de Bartimée est le propre chemin de notre Église dans sa quête d’une plus grande synodalité.

I L’aveuglement de Bartimée est notre propre aveuglement

Dans notre incapacité croissante actuelle à répondre aux signes des temps, tant ceux du monde que ceux de l’Église elle-même, nous reconnaissons que nous avons marché dans des ombres profondes. Nos limites, nos incohérences et nos péchés, et notre résistance à donner vie aux appels de l’Esprit Saint qui nous ont été adressés il y a 60 ans au concile Vatican ii pour être une Église Peuple de Dieu. Une conversion à une Église synodale est impossible sans nous reconnaître comme limités et ayant besoin de rédemption, aveugles comme Bartimée. Tout commence par la reconnaissance de notre fragilité, et le voyage synodal consiste à chercher à marcher avec les autres en quête de rédemption.

Dans le processus synodal en Amérique latine, les appels les plus forts à la conversion et ceux qui ont donné le plus de vie à cette expérience ont été entendus comme le résultat de la reconnaissance de nos propres limites. La situation prophétique que l’on perçoit dans notre région d’Amérique du Sud ne consiste pas en un engagement plus intense mais elle résulte de l’acceptation de la profonde désagrégation du peuple de Dieu dans cette région. Je me rappelle que lors de nos expériences synodales régionales nous avons été profondément touchés non pas par des contributions intellectuellement impeccables, mais par les témoignages de reconnaissance de notre propre fragilité en tant qu’Église pour accompagner les besoins les plus urgents des gens. Embrasser notre propre misère nous a permis de préparer nos cœurs à une rencontre authentique et d’être transformés par les autres qui, comme nous, sont aussi brisés.

Ces périphéries jusqu’alors indésirables et inaccessibles, présentes dans les expériences synodales amazoniennes et latino-américaines – les indigènes, les paysans, ceux qui ont d’autres croyances, les femmes qui ont été jugées pour avoir exprimé d’une voix ferme leur demande d’un traitement équitable – furent quelques-unes des voix les plus lucides et révélatrices, et celles qui nous ont permis le plus fortement de reconnaître la nécessité d’ouvrir les yeux.

À partir de cette approche périphérique, nous pouvons mieux comprendre l’invitation du pape François dans son homélie d’ouverture du Synode sur la Synodalité, dans laquelle il nous a demandé de :

  1. rencontrer : voir et reconnaître les autres, hommes et femmes des périphéries, comme des sujets dignes de leur propre vie ;

  2. écouter : ouvrir nos oreilles, seulement après avoir vu la personne dans les yeux, pour écouter son histoire et essayer de comprendre ses points de vue ;

  3. discerner : faire ensemble un discernement en commun pour que le choix que nous faisons devienne une décision commune et soit adoptée en tant que frères et sœurs en chemin.

II Bartimée fait l’expérience d’un appel qui le mobilise

Bartimée, assis au bord de la route et condamné à rester à la périphérie, fait l’expérience d’un appel qui touche son cœur et le mobilise.

Comme ce personnage, l’Église doit reconnaître sa condition limitée, blessée, sainte et pécheresse, assise sur le bord de la route et sans pertinence. Nous devons reconnaître que nous avons besoin d’aide. Bartimée, se sachant sans valeur, entend le passage de Jésus et commence à crier de toutes ses forces, il crie pour être entendu, il crie pour essayer de sortir de sa condition. Notre Église a besoin de cette « parésie » pour crier à nouveau son désir de rencontrer le Seigneur qui marche près de nous.

Dans les récents processus synodaux en Amérique latine, nous avons fait l’expérience, à travers des processus d’écoute étendus (87 000 personnes dans le Synode de l’Amazonie, et au moins 70 000 dans l’Assemblée ecclésiale, la plupart étant des voix de laïcs), du besoin de nommer ce qui nous empêche d’avancer. Les cris les plus significatifs pour l’Église dans les processus d’écoute synodaux étaient les appels suivants : affronter le cléricalisme ; assumer la responsabilité des abus et mettre en place des moyens pour éradiquer ce mal difficilement pardonnable ; reconnaître le rôle essentiel de la femme dans la société et dans l’Église, sans lequel la présence ministérielle de l’Église n’a pas d’avenir ; reconnaître l’urgence de répondre aux défis de la prise en charge de notre maison commune si menacée ; chercher des moyens d’accompagner les jeunes dans leurs propres espaces et sur leurs chemins ; donner une plus grande reconnaissance aux laïcs comme protagonistes, et les accompagner dans leur formation ; réformer les cursus des séminaires et la formation des prêtres avec des éléments propres à la synodalité. D’autre part, il s’agit de reconnaître la centralité de Jésus dans ce temps nouveau et le besoin de discerner les manières de l’annoncer aujourd’hui dans les sociétés sécularisées ; l’urgence de développer de nouveaux ministères ; créer des structures ecclésiales adéquates à la réalité actuelle ; opter pour les exclus, en particulier les peuples indigènes, les afro-descendants, les lgbti+, les migrants et les réfugiés, parmi beaucoup d’autres.

III Bartimée va à la rencontre

Bartimée, entendant l’appel de Jésus, et malgré le fait qu’on essaie de le faire taire, se lève, abandonne sa couverture et va à sa rencontre.

Ce personnage apparemment sans intérêt, qui, acceptant sa cécité, crie avec le cri du monde et avec le cri d’une Église qui veut être rachetée, entend l’appel de Jésus, et sans hésiter, surmonte son état pitoyable, se lève avec une force qui ne peut venir que du désir de changer, et va à sa rencontre. On essaie de le faire taire, de l’empêcher de s’approcher, on considère son cri comme gênant et on essaie de l’arrêter, mais il continue. Et ce n’est pas tout : pour aller à cette rencontre, il doit abandonner ce qui est sûrement sa seule propriété, sa seule sécurité. Il abandonne sa couverture, renonce à ce qui était apparemment son seul sentiment de sécurité.

Dans le parcours synodal de l’Amazonie, au milieu de profondes fragilités et d’erreurs, malgré tant de voix du statu quo qui voulaient empêcher ces voix gênantes, malgré le fait que la présence des peuples indigènes ou des représentants des périphéries était étrangère aux protocoles habituels du Vatican, la force de leurs voix nous a permis d’écouter plus attentivement ce que l’Esprit Saint voulait nous dire : nous avons besoin de changer, nous avons besoin d’être transformés par ces périphéries.

La périphérie est le centre. Le pape François l’a affirmé en demandant que ces voix, rejetées par les bâtisseurs, deviennent les véritables pierres angulaires du chemin de conversion de l’Église. Ceux qui se soucient de la forme, par-delà les visages concrets, sont ceux qui ont voulu faire taire les voix qui demandaient la conversion. Dans le Synode d’Amazonie, ils ont voulu faire taire ces voix en créant un faux scénario d’un « Synode pachamamique » inexistant, alors qu’ils voulaient en réalité empêcher les changements fondamentaux, les changements urgents, les changements discernés avec clarté dans une attitude de prière à l’intérieur de la salle synodale. En termes de communication, le récit des opposants au changement a été beaucoup plus efficace que le récit de ceux qui vivaient le processus de discernement. Nous devons nous améliorer de manière significative sur ce point.

De même, dans l’Assemblée ecclésiale d’Amérique latine, la nécessité de donner sa juste place au sensus fidei du peuple de Dieu est devenue plus évidente. Il ne s’agit pas de remplacer les structures existantes ni le depositum fidei, mais de donner de l’espace à l’Esprit Saint afin qu’il ne soit pas étouffé, que les formes continuent à se développer et que les structures soient réformées au service de la grande diversité de l’Église. Notre Conférence ecclésiale de l’Amazonie (CEAMA), récemment créée et formellement instituée, est un témoignage crédible de la possibilité d’ouvrir de nouvelles voies pour et dans l’Église, à la suite des processus synodaux ; elle représente l’expérience sans précédent d’un organisme formel véritablement ecclésial, au service d’une partie de 7 conférences épiscopales différentes dans 9 pays d’un même macroécosystème et d’un même territoire socioculturel.

Il est impossible de marcher synodalement sans abandonner les attachements qui empêchent de suivre un itinéraire commun, dans la diversité des charismes et des ministères, avec des rôles et des services différents dans l’Église, mais en marchant ensemble dans l’égalité comme hommes et femmes baptisés.

IV La réponse synodale à Jésus : « Seigneur, que nous voyions ! »

Lorsque Jésus demande à Bartimée d’être amené en sa présence, il lui demande : « Que veux-tu ? » La réponse de l’aveugle est la même que celle qui devrait résonner dans nos processus synodaux : « Seigneur, que nous voyions ! »

Jésus interroge cet aveugle, même s’il connaît la maladie qui l’afflige, il l’interroge pour qu’il soit capable de nommer ce dont il a le plus urgent besoin. Bartimée assume la responsabilité de sa propre cécité et est donc en mesure de demander à pouvoir voir. Il en prend la responsabilité et ne la cache pas devant Jésus. C’est un dialogue qui reflète le besoin d’une écoute réciproque, non pas parce que nous ne sommes pas capables de faire nos propres diagnostics pour décrire ce qui se passe dans l’Église, mais parce que cet aveugle, comme notre Église aveugle (d’une certaine manière), ne peut prendre la responsabilité de sa propre condition qu’en nommant ce dont il souffre.

À plusieurs reprises, lors de la récente expérience synodale en Amérique latine, on nous a dit que c’était une perte de temps : pourquoi tant d’efforts pour écouter ce que nous savons déjà et avons déjà étudié en profondeur ? pourquoi tant de travail pour que rien ne change ? et tant d’autres questions de ce genre. Face à cela, ceux qui se sont aventurés à participer à ces processus synodaux ont expérimenté dans leur propre chair la force de la conversion en écoutant les autres, en étant écoutés par les autres, en discernant et en rêvant ensemble à de nouveaux chemins.

Nous avons découvert que le changement qui conduit à une Église synodale n’est pas produit par les documents, ni dans les événements eux-mêmes ; la conversion se produit dans le parcours d’une écoute partagée, en priant ensemble, en discernant et en optant concrètement pour les nouveaux chemins qui l’on peut trouver dans chaque réalité particulière. Dans tous les lieux où l’écoute a été préfabriquée, réduite à l’ordinaire ou est devenue un simple rapport des diagnostics déjà existants, nous avons pu constater que, quelle que soit la force des documents et des événements, rien n’a changé, car il n’y a pas eu de reconnaissance de la nécessité de changer. Il est nécessaire de ne pas perdre le cap, de ne pas diluer les éléments essentiels ni le but du processus.

V Le voyage synodal de Bartimée : suivre Jésus sur le chemin

Le voyage synodal de Bartimée ne commence pas lorsqu’il recouvre la vue, mais seulement lorsque, après avoir été guéri, il décide par conviction de suivre Jésus sur le chemin.

L’histoire de la conversion de Bartimée ne se termine pas par un dénouement apparemment prévisible lorsque Jésus lui rend la vue. Non, le changement le plus profond de Bartimée se produit lorsque, ayant recouvré la vue lors de la rencontre avec Jésus, il décide de le suivre dans son voyage : il devient un disciple missionnaire.

La mission de l’Église n’est pas la synodalité, mais la suite de Jésus ; mais, sans la synodalité, il sera impossible de suivre Jésus pleinement. C’est-à-dire que la synodalité est certes un moyen irrévocable et inamovible, mais il reste seulement un moyen, pour une fin qui est la construction du Royaume. Dans les expériences récentes de l’Amérique latine, on a entendu des accusations, de la part de certaines personnes travaillant au Vatican, de vouloir changer l’Église en substituant la partie centrale de celle-ci à une mode momentanée de la synodalité. La vérité est que la synodalité est inhérente à l’identité de l’Église. Elle ne peut être l’Église, dans sa plénitude, sans cette marche ensemble qui s’exprime dans la manière dont Jésus a cheminé avec d’autres (dont beaucoup venaient des marges), et qui s’exprime dans la manière de procéder des premières communautés, selon les saintes Écritures.

Comme l’exprime le thème du Synode de l’Amazonie, nous devons trouver de « nouvelles voies pour l’Eglise et pour une écologie intégrale », et comme l’indique la première Assemblée ecclésiale d’Amérique latine et des Caraïbes, nous sommes appelés à être des « disciples missionnaires en marche ». C’est un moment où le « débordement de l’Esprit » est nécessaire, un « débordement synodal », un « débordement »…

Le 15 octobre 2019, lors de l’Assemblée du Synode de l’Amazonie, le Pape a pris le micro et a dit fermement :

nous ne parvenons pas à faire des propositions complètes… nous nous accordons sur un sentiment commun sur les problèmes de l’Amazonie et sur la nécessité d’y répondre, mais dans la recherche des solutions, nous ne sommes pas satisfaits. Les propositions restent un patchwork. Il manque une solution totalisante qui réponde à l’unité totalisante du conflit… avec des patchs nous ne pouvons pas résoudre les problèmes amazoniens. Ils ne peuvent être résolus que par le débordement… Le débordement de la rédemption. Dieu résout le conflit par le débordement.

VI Les principaux enseignements de la première Assemblée ecclésiale d’Amérique latine et des Caraïbes

En fin de compte, pour répondre à la question qui m’a été posée, il me semble que l’on peut présenter ainsi les principaux enseignements de la première Assemblée ecclésiale d’Amérique latine et des Caraïbes :

  • L’abandon d’une vision d’événements isolés, car cette Assemblée est un processus, qui n’est pas terminé, marqué par différentes étapes inspirées par la proposition synodale de la Constitution apostolique Episcopalis Communio.

  • Une large écoute de tout le Peuple de Dieu, de tous ceux qui voulaient y participer, avec un large champ d’action, ouvert et sans exclusion, et donnant une place aux « exclus » ou aux « improbables ».

  • Un itinéraire spirituel et liturgique accompagnant l’ensemble du processus.

  • L’élaboration d’un document de discernement construit sur le processus d’écoute.

  • Une phase d’Assemblée plénière hybride (virtuelle et en face à face) avec une participation sans précédent en composition et en nombre de plus de 1100 personnes (environ 130 au Mexique et environ 900 en Amérique latine et dans les Caraïbes.

  • Les résultats finaux ont été présentés comme les principaux défis et les orientations pastorales qui ont été sélectionnées par une procédure de vote sans exclusion.

  • Un lien explicite avec le Synode sur la synodalité.

  • La représentation large, imparfaite mais authentique du Peuple de Dieu : 20% d’évêques ; 20% de prêtres et de diacres ; 20% de religieux et religieuses ; 40% de laïcs.

  • La transparence du processus en ayant présenté avec une ouverture totale les résultats de la synthèse narrative de l’étape d’écoute, afin que tout le peuple de Dieu puisse y reconnaître ses propres voix et contributions.

  • Nous avons travaillé avec une méthode de participation et de discernement communautaire (méthode de la conversation spirituelle) qui a profondément marqué l’expérience dans les groupes de l’Assemblée (50), avec une évaluation très positive.

  • La spiritualité a été un élément essentiel tout au long du processus qui a décalé notre expérience commune sur la recherche de la volonté de Dieu, pour mettre au centre la Parole du Christ et sa suite.

  • La présence de représentants d’autres régions de l’Église dans le monde, d’autres Conférences continentales, qui ont exprimé leur bonne appréciation sur de expérience.

  • La transmission numérique ouverte à tout membre du peuple de Dieu, à travers les différents canaux de télécommunication, d’environ 80% des travaux de l’Assemblée (à l’exception du travail des groupes de discernement), ouvrant l’expérience de l’Assemblée à toute l’Église.

Quand on m’a demandé quel était l’aspect le plus significatif de ces expériences encore en cours, j’ai répondu que le plus important était de nous poser une question qui est au cœur de ce que nous avons vécu :

De quelle manière, concrètement, ai-je été (avons-nous été) transformés, au niveau personnel, communautaire et ecclésial, par l’expérience de la rencontre et de l’écoute du Dieu de la vie dans les voix concrètes du peuple de Dieu, surtout les plus improbables, et vers quels nouveaux chemins cela m’a-t-il (nous a-t-il) poussé(s) ?

Si nous n’avons pas vécu une conversion authentique, la metanoia, l’expérience aura été vaine et restera une menace pour ceux qui se situent à un extrême, ou une contribution toujours insuffisante ou impure du réductionnisme idéologique pour ceux qui sont à l’autre extrême.

Aucun document final, aucune liste de défis et d’orientations pastorales, aucun élément méthodologique ou opérationnel de l’expérience, aucun succès ou limite de l’Assemblée, n’ont de sens ou de valeur s’ils ne nous mettent pas dans la perspective de nous savoir appelés à une plus grande suite du Christ.

Notes de bas de page

  • 1 Cet article est la traduction de l’intervention de M. Lopez du 25 mars 2022 dans le cadre du Symposium « The Road to a Synodal Church: Insights and Experiences » au Campion Hall d’Oxford (23-25 mars 2022). Nous avons choisi de lui conserver son style oral.

  • 2 François, Constitution apostolique Episcopalis Communio sur le synode des évêques 6 (15 sept. 2018).

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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