On ne peut en même temps qu'être agacé par les a prioris non-discutés de cet opus. Ainsi donc la phénoménologie n'aurait pour territoire que l'espace laissé par le débat du Husserl d'après 1913 et de Heidegger, sans que Hegel ou Blondel, ou même Scheler, aient leur mot dans l'affaire; ainsi toujours, et c'est là probablement le point le plus contestable, cette nouvelle philosophie première ferait la guerre à la métaphysique; car enfin, par métaphysique on entendrait l'identité et le sujet clos sur soi, la causalité instrumentale, l'étant rationalisable (comme si jamais le terme d'analogia entis n'avait été historiquement prononcé)… On croirait lire Habermas.
Ce livre de l'académicien français n'apporte donc rien de bien neuf pour qui connaît déjà l'oeuvre de J.L. Marion, et il n'est pas certain qu'il s'agisse là réellement d'une contribution aux recherches augustiniennes - tant l'A. des Confessions est sollicité par une thèse prédéterminée. Néanmoins, il s'agit là d'une brillante synthèse et l'on prendra un réel plaisir à lire un ouvrage aussi profond, érudit et magistral que celui-là, qui compte parmi les meilleures productions philosophiques de 2008. - E. Tourpe