Paul lu à neuf: tel est le titre d'une nouvelle collection de
commentaires des lettres pauliniennes. L'A., jésuite, professeur
émérite de théologie du NT au collège supérieur de philosophie et
théologie St. Georgen de Francfort/Main, vivant actuellement à
Vienne, en a publié les trois premiers volumes: Soucis du pasteur
et Adossé au mur couvrent les deux épîtres aux Corinthiens, tandis
que Le chemin de la confiance annonce le double commentaire des
lettres aux Galates et aux Philippiens. Philologue de formation,
l'A. prend l'initiative d'offrir à Paul une nouvelle traduction de
ses oeuvres, à la fois, précise, fidèle à l'original et en langage
moderne. Cette traduction est incorporée et livrée en
fascicule.Pour l'étude de 1 Co, l'A. divise le texte en 10 «blocs»
qui ne s'identifient pas exactement aux chapitres: adresse (1,1-9),
confrontation avec la communauté divisée (1,10-4,21), questions
d'éthique dans la communauté (5,1-6,20), problème de la chasteté
(7,1-40), viandes consacrées aux idoles (8,1-13), le ministère
apostolique (9,1-27), service du culte (10,1-11,34), dons divers,
un Esprit, un Corps (12,1-14,40), la résurrection du Christ et la
nôtre (15,1-58), projets et conclusion (16,1-24). Peu de notes en
bas de page, mais l'A. dialogue beaucoup avec les commentateurs,
notamment Krage Mussner, Schnabel ou Wolff; il parle avec ses
lecteurs comme il le faisait dans son «groupe paulinien de
Francfort», développant une compréhension originale et personnelle
de Paul comme de ses écrits, souvent suggestive, parfois
contestable, mais toujours enrichissante. Il brosse un portrait
attachant de l'Apôtre comme responsable pastoral d'une communauté
difficile à gérer.Le commentaire de 2 Co révèle les mêmes
caractéristiques, avec des accents plus joyeux (1,1-2,13), puis
Paul aborde sa tâche apostolique dont il fait l'apologie à
l'adresse de ses détracteurs (2,14-7,3); dans la seconde partie, il
reprend le thème de la joie (7,4-9,15) avant de rappeler la lettre
écrite dans les larmes (10,1-13,10) et de conclure (13,11-13). L'A.
arrête son exposé par une vingtaine d'excursus philologiques pleins
d'intérêt, et il discute la chronologie des lettres de Paul à la
communauté de Corinthe. Ses auteurs de référence sont les mêmes, en
ajoutant Luther, Klauck et Furnisch. Il montre bien comment Paul
perçoit la responsabilité de son ministère dont il a été
gracieusement investi et qu'il défend avec loyauté.Les deux
commentaires de Galates et de Philippiens se situent, d'après l'A.,
dans la perspective de la pistis, que l'on traduit généralement par
«foi», mais dont l'A. souligne la dimension de confiance; il s'en
explique dans son avant-propos. Après une introduction (1,1-10), il
divise la lettre aux Galates en trois parties: ce que Paul appelle
«mon Évangile» (1,11-2,21); la signification de la foi/confiance
(3,1-5,24); marcher dans la puissance de l'Esprit (5,25-6,17). Il
discute ici avec Mussner Gnilka et Rohde, il propose une quinzaine
d'excursus et il développe un aperçu oecuménique de la théologie
paulinienne sur la rédemption. Le commentaire de Philippiens est
nettement scindé en deux parts: Phil A (1,12-26 et 2,19-30); Phil B
(3,3-14 et 3,15-4,3), avec Schenk, Gnilka, Becker et M. Theobald,
et il développe une dizaine d'excursus sur des points surtout
philologiques. Il insiste sur la vulnérabilité des Philippiens
récemment convertis et qui, de ce fait, sont davantage invités à se
confier totalement à Dieu, dans la force du Christ ressuscité.Bref,
un beau programme en perspective, et une lourde tâche pour l'A. de
ces commentaires qui stimulent la réflexion et la scrutation de
textes pauliniens réputés difficiles à bien comprendre en toutes
leurs nuances et leur vitalité. Bravo, et bon courage pour la
suite! - J. Radermakers sj