L'ouvrage est le fruit du remaniement de quelques articles publiés
par l'A., prof. à l'Univ. cath. de Louvain. Le parcours - la
toute-puissance de Dieu ; les idoles ; les anges et les
démons - est fort instructif. Les images de Dieu, notamment
celle de Dieu créateur, peuvent être détournées par la convoitise
de l'homme, sachant que le coeur de la puissance de Dieu est la
force fragile d'une parole au creux de laquelle se cache l'intense
désir de vie pour tout vivant (cf. p. 13). C'est ainsi
que l'homme, dans son désir totalisant, se forge des idoles
évoquées par trois métaphores bibliques : le serpent, le veau d'or
et la prostitution. Par la suite, l'A. souligne que « dans la
séquence des deux Testaments de la Bible chrétienne, plus il est
question de diable, moins les idoles font recette. Comme si le fait
de nommer l'adversaire déclaré de Dieu et de le faire ainsi sortir
de l'ombre reléguait au second plan les dieux qui s'abritent sous
cette ombre pour mieux se faire passer pour Dieu » (p. 12). Le
dernier chap., sur les anges et les démons, constate
l'assimilation du serpent de l'Apocalypse à la figure de Satan et
en souligne l'importance théologique : « Opposé au créateur dans le
récit de l'Éden, ce serpent insolite contribue à mettre en
évidence, par contraste, le projet de Dieu avec les humains (…).
Ainsi, même quand il est question d'idoles ou de démons, c'est bien
à esquisser une théologie biblique que s'emploie cet ouvrage »
(p. 14-15). On en revient encore et toujours au fondement de
Gn 1-3 : « Même si la figure du diable vient s'interposer,
c'est toujours le désir humain, cette force vitale en lui, qui est
le lieu de la tentation : celle de se réaliser à l'image d'un dieu
fantasmé qui saurait tout, aurait tout, pourrait tout. Un dieu aux
antipodes du Dieu de l'alliance » (p. 162). - V. Fabre