Écrire l'histoire du christianisme contemporain. Autour de l'oeuvre d'Étienne Fouilloux
(dir.) Annette Becker (dir.) Denis Pelletier (dir.) Nathalie Viet-Depaule (dir.) Frédéric GugelotHistoria - reviewer : Hubert Jacobs
C'est là qu'apparaît l'écart entre le modernisme du début du xxe s. et le moment progressiste du catholicisme français. Avec celui-ci, on se trouve désormais, sur le terrain social, parmi les intellectuels et les militants de la mission ouvrière.D'une manière ou d'une autre, c'est surtout cette question des relations de l'Église et du monde moderne qui fait l'unité de ce vol. Le thème de la famille en est l'un des points les plus sensibles. À partir d'usuels de morale et de pastorale, Albert Melloni montre comment l'Église « est à nouveau aux prises avec la difficile conciliation entre une éthique matrimoniale « naturelle », incapable d'exclure le dynamisme de la relation d'amour qui, comme telle, prévaut sur l'animalité reproductive, et la spécificité du « sacrement » dont, dans une société sécularisée, on veut proclamer l'utilité afin de rendre visible une condition de vie sans cesse ébranlée par les tourments des passions » (p. 344). Un autre exemple est analysé par Claire Toupin-Guyot, à propos d'un texte sur la liberté de recherche au sein du catholicisme (p. 375). Ce manifeste avait mis en exergue l'écart entre les principes de Vatican ii sur le pluralisme théologique et la liberté de recherche, et la frilosité doctrinale de l'Église romaine. Il est vrai que d'autres intellectuels catholiques avaient redit à ce moment leur fidélité au Magistère. Il ressort de tout cela que le catholicisme français post-conciliaire connaissait une implosion qui révélait l'inadéquation du langage ecclésial aux mutations intellectuelles de la post-modernité (p. 379).
Par ses études et ses analyses, cet ouvrage, bien digne de l'hommage qu'il entend rendre à É. Fouilloux, nous offre une véritable introduction à de très nombreux aspects du catholicisme français au xxe s. - H. Jacobs s.j.