Écrire l'histoire du christianisme contemporain. Autour de l'oeuvre d'Étienne Fouilloux

(dir.) Annette Becker (dir.) Denis Pelletier (dir.) Nathalie Viet-Depaule (dir.) Frédéric Gugelot
Histoire - Recenseur : Hubert Jacobs
Comme le dit l'introd. de cet ouvrage, É. Fouilloux est à l'heure présente « l'une des figures les plus respectées de l'histoire contemporaine en France ». Entièrement consacrée à l'histoire du christianisme, son oeuvre comporte plus de trois cents articles et une quinzaine de livres, individuels ou collectifs. Une trentaine d'historiens et d'historiennes lui rendent ici hommage par des contributions qui se situent sur le terrain qui a toujours été le sien, celui d'une histoire culturelle du christianisme contemporain. Groupées en quatre parties, ces études couvrent un ensemble à la fois multiple et unifié. Beaucoup ont pour objet une personnalité de grande envergure, comme Thérèse de Lisieux, Lucien Laberthonnière, le Card. Tisserant, le p. André Desqueyrat, le Card. Suhard, Maurice Montuclard, le p. Pierre Dabosville, le p. Jacques Loew, le p. François Biot. Jésuites, dominicains, oratoriens y ont la part belle. En Pierre Dabosville, p. ex., est mise en lumière une figure que l'on peut rapprocher de beaucoup d'autres, celle d'un prêtre pour qui l'on ne peut considérer le chrétien comme hors de la modernité. « Le chrétien s'insère dans l'espace public pour participer aux débats de la société et ainsi à sa transformation » (p. 254).
C'est là qu'apparaît l'écart entre le modernisme du début du xxe s. et le moment progressiste du catholicisme français. Avec celui-ci, on se trouve désormais, sur le terrain social, parmi les intellectuels et les militants de la mission ouvrière.D'une manière ou d'une autre, c'est surtout cette question des relations de l'Église et du monde moderne qui fait l'unité de ce vol. Le thème de la famille en est l'un des points les plus sensibles. À partir d'usuels de morale et de pastorale, Albert Melloni montre comment l'Église « est à nouveau aux prises avec la difficile conciliation entre une éthique matrimoniale « naturelle », incapable d'exclure le dynamisme de la relation d'amour qui, comme telle, prévaut sur l'animalité reproductive, et la spécificité du « sacrement » dont, dans une société sécularisée, on veut proclamer l'utilité afin de rendre visible une condition de vie sans cesse ébranlée par les tourments des passions » (p. 344). Un autre exemple est analysé par Claire Toupin-Guyot, à propos d'un texte sur la liberté de recherche au sein du catholicisme (p. 375). Ce manifeste avait mis en exergue l'écart entre les principes de Vatican ii sur le pluralisme théologique et la liberté de recherche, et la frilosité doctrinale de l'Église romaine. Il est vrai que d'autres intellectuels catholiques avaient redit à ce moment leur fidélité au Magistère. Il ressort de tout cela que le catholicisme français post-conciliaire connaissait une implosion qui révélait l'inadéquation du langage ecclésial aux mutations intellectuelles de la post-modernité (p. 379).
Par ses études et ses analyses, cet ouvrage, bien digne de l'hommage qu'il entend rendre à É. Fouilloux, nous offre une véritable introduction à de très nombreux aspects du catholicisme français au xxe s. - H. Jacobs s.j.

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La NRT est une revue trimestrielle publiée par un groupe de professeurs de théologie, sous la responsabilité de la Compagnie de Jésus à Bruxelles.

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